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Sommet Etats-Unis/Afrique: Macky Sall: «C’est un sommet historique»

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Invité de RFI, le président Macky Sall est actuellement à Washington à l’occasion du sommet Etats-Unis / Afrique qui se déroule à Washington jusqu’au mercredi 6 août au soir. Pour le chef d’Etat sénégalais, ce rendez-vous est un signal important que Barack Obama a décidé d’envoyer au continent africain, comme il l’a confié au micro d’Anne-Marie Capomaccio.

RFI : Que représente pour vous ce sommet ?

C’est un sommet historique, car que c’est la première fois que le continent africain fera face aux Etats-Unis d’Amérique autour d’un sommet consacré à la relation entre les deux parties. Nous avons des relations bilatérales, mais nous avons aussi en commun des programmes comme l’Agoa, lancé depuis 2000, mais aussi le Millénium Challenge qui a été une voie nouvelle. Et tout cela, on a vu que ça avait des limites au moment où l’Afrique a plus besoin d’investissements de commerce et d’échanges plutôt que d’aides.

Vous l’avez dit, l’Agoa est un des sujets centraux. Pour le Sénégal comment voyez-vous les choses ? Un renouvellement de 15 ans cela vous conviendrait ?

Moi-même j’ai été très surpris la semaine dernière lorsque le Sénégal a lancé un Eurobond de 500 millions de dollars sur le marché international et que les 50%, c’est-à-dire la moitié, ont été financés par des investisseurs américains. C’est un signal : la moitié levée dans la semaine par des investisseurs américains qui s’intéressent maintenant à l’Afrique.

Nous avons aussi noté que l’investissement direct étranger américain reste faible. Le défi de ce sommet c’est d’amener les décideurs, privés en particulier, à venir investir en Afrique. Nous avons des opportunités nouvelles avec les infrastructures, la production alimentaire, l’agriculture, surtout l’énergie. A ce propos, j’ai salué l’initiative Power Africa du président Obama, où il a décidé de mettre 7 milliards de dollars. Ce n’est pas suffisant. Il faut à l’Afrique peut-être au moins 40 milliards, voire plus. Il faut aller au-delà.

Je pense que ce sont nos attentes. Et il sera possible après ce sommet de booster, augmenter la part de l’investissement direct étranger américain sur le continent qui n’est aujourd’hui que de 1%, de façon à ce que nous bénéficiions de cet investissement, mais aussi que les Etats-Unis bénéficient de notre croissance.

Barack Obama ne parle jamais d’aide. Il parle investissements, il parle coopération. Est-ce que c’est une philosophie qui convient au Sénégal ?

Oui. Notre conviction est faite que ce n’est pas par l’aide qu’on va développer le Sénégal ou l’Afrique. Ça fait cinquante ans qu’on parle d’aide. Ça ne nous a menés nulle part. Toutefois, il y a toujours une part importante d’aides. Prenez, par exemple, Ebola aujourd’hui a besoin du concours de toutes les nations qui ont déjà réfléchi, qui ont des recherches, qui ont des résultats. Donc il y aura toujours des secteurs dans lesquels on aura besoin d’aides, mais le développement économique ne peut pas se bâtir sur de l’aide. Ce n’est pas possible.

Barack Obama, lorsqu’il a été élu, a suscité un espoir peut-être démesuré dans l’opinion publique africaine. Est-ce que vous pensez qu’il a rempli sa mission vis-à-vis de l’Afrique ?

Je dirais qu’il est en train de remplir sa mission. Il est vrai que lors de son premier mandat les attentes ont été quelque peu déçues. Mais c’était aussi normal. Il n’a pas été élu pour l’Afrique ! Il a été élu président des Etats-Unis ! Il avait des impératifs nationaux. Aujourd’hui, il essaie de laisser un héritage. C’est la compréhension que j’ai de ce sommet qu’il a convoqué et surtout de son souci de pouvoir rencontrer l’agrément des Africains.

Ça ne vous gêne pas lorsqu’il donne des leçons de démocratie ? Lorsqu’il donne son avis sur les changements de Constitution qu’il déconseille fortement ?

Nous sommes les premiers à décourager les changements de Constitution en Afrique. Prenez l’Union africaine et ses résolutions, les communautés économiques régionales : la Cédéao travaille au quotidien pour décourager les changements de Constitution. C’est un discours d’ailleurs qui ne peut pas nous déranger puisque nous le faisons tous les jours !Toutefois s’il y a des risques, oui, il peut donner des opinions. Ce sont ses opinions. Ça doit pouvoir se comprendre et être accepté.

De nombreux membres de la coalition qui vous a porté au pouvoir ont été défaits lors des dernières élections. Quel est le message que vous avez entendu de la part de ceux qui sont allés voter ?

Vous savez, il y a une grande manipulation qui a été faite lors de ces dernières élections.Je ne parle même pas de la coalition présidentielle qui a gagné à plus de 95 % des résultats. En dehors de Dakar, de Thiès, de Ziguinchor quasiment, et de la région de Diourbel, sur les 42 départements où il y a eu vote, nous avons gagné les 33. C’est une confirmation de la confiance qui a été donnée. Maintenant, il y a eu des contre-performances dans certaines localités. J’ai eu à en tenir compte par des changements,mais nous allons poursuivre et écouter davantage le signal de la population, pour essayer justement, de rattraper là où c’est possible. Mais beaucoup a été fait en deux ans et demi. La crédibilité d’abord de notre pays. Mais les résultats malheureusement, ne peuvent pas apparaître comme sur une baguette magique. Mais enfin, je dis à mes compatriotes qu’ils sachent que jour et nuit, toute mon énergie est concentrée pour faire avancer le Sénégal.

 

RFI



05/08/2014
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