Débarquement de Provence : François Hollande salue le Sud, sauveur du Nord
Le président français, François Hollande a présidé, le 15 août 2014 à Toulon, le 70e anniversaire de la libération de la France et de la victoire sur le nazisme. Des représentants d’une trentaine de nations ont pris part à cette cérémonie de souvenir.
15 août 1944-15 août 2014, voilà 70 ans qu’intervenait le débarquement de Provence qui a mobilisé 250 000 soldats dont près de la moitié issue du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie) et d’Afrique de l’Ouest. Tout comme le débarquement de Normandie qui a eu lieu le 6 juin 1944, celui de Provence «avait mobilisé le monde entier», a dit le président français, François Hollande, ce 15 août sur le porte-avions Charles de Gaulle, en rade de Toulon. Devant des dirigeants de 28 pays dont 13 chefs d’Etat et de gouvernement africains, il a laissé entendre que le débarquement de Provence aura été déterminant, même s’il est moins connu que celui de Normandie, 70 jours plus tôt. «Mais, ce débarquement, lui, venait du Sud. Il y avait les Etats-Unis d’Amérique qui assuraient le commandement général de l’opération avec les soldats du Canada, du Royaume Uni, de la Pologne», a rappelé M. Hollande. Il a, en outre, souligné que la moitié des 250 000 hommes engagés dans cette opération portait l’uniforme de l’armée du général de Lattre de Tassigny. «C’était une armée française, mais une armée multicolore. Elle rassemblait les Français qui avaient rejoint le général De Gaulle après l’appel du 18-juin, ceux qui avaient rallié le gouvernement provisoire d’Alger, ceux qui s’étaient évadés de la métropole souvent par l’Espagne, ceux qui avaient pris les embarcations de fortune pour rejoindre cette future armée de libération du pays», a-t-il ajouté.
«Indigènes» et «tirailleurs»
Le président français s’est voulu être assez exhaustif en reconnaissant le mérite de toutes les nations d’où étaient puisés ceux jadis appelés «indigènes» et «tirailleurs». «Il y avait surtout les soldats de l’armée d’Afrique. Des soldats qui venaient d’Algérie, du Maroc, de la Tunisie. C’étaient les plus nombreux. Il y avait les Africains qui venaient de ce territoire qui s’appelle aujourd’hui le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, les Comores, le Congo, la Côte d’Ivoire, Djibouti, le Gabon, la Guinée, Madagascar, le Mali, la Mauritanie, le Niger, la République Centrafricaine, le Sénégal, le Tchad et le Togo», a énuméré François Hollande. Selon lui, c’était une armée de «toute l’Afrique, composite, cosmopolite» et composée d’hommes venant de «très loin (…) pour libérer la France». Déjà auréolés de gloire, ils l’étaient quand ils sont venus sur ces côtes, a-t-il estimé, car ils étaient déjà des vétérans des campagnes d’Afrique et d’Italie. A cette commémoration, les vétérans qui avaient eu à livrer bataille en Provence ont reçu les hommages de la République française. Parmi ceux-ci, deux Burkinabè. «Ils n’avaient pas tous la même religion, ne mangeaient pas la même chose, ne parlaient pas la même langue, et n’étaient pas de la même couleur, mais ils étaient la diversité du monde», s’est-il félicité. «Certains sont encore ici ce soir. Ce sont les héros de Provence», s’est ému le président Hollande. Il leur a dit que c’est grâce à eux que la France est redevenue souveraine et a acquis le droit de s’asseoir à la table des vainqueurs à Berlin, le 8 mai 1945 et membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies.
Honorer une dette historique
Après avoir loué le don de soi des anciens combattants, qui ne formaient, selon lui, «qu’une seule armée, celle de la liberté», le premier des Français a ajouté qu’ils portaient un seul et même drapeau : le drapeau tricolore, celui des droits universels. Encore que pour lui, ces hommes étaient plus que de soldats, ils n’envahissaient pas un pays, ils le faisaient renaître. Au regard de tant de sacrifices, François Hollande s'est adressé à la jeunesse d’Afrique, en la remerciant : la France sait ce qu’elle doit, même si elle a mis trop de temps à en tirer toutes les conséquences. Il n'a pas non plus oublié la jeunesse de son pays en adressant un message particulier aux Français issus de l'immigration. «Vous pouvez être légitimement fiers de cette histoire», leur a-t-il affirmé. François Hollande a enfin lancé un message plus large de solidarité entre le Nord et le Sud. «C’est du Sud que l’Europe doit son salut», a-t-il fait savoir. Réaffirmant à nouveau la gratitude de son pays, il a expliqué qu’en lançant l’opération Serval au Mali, il honorait la dette historique de la France.
Sur le Charles de Gaulle, le chef de l’Etat français a également parlé de questions d’actualité. Il a, en effet, rappelé que le monde est confronté à un défi humanitaire et il en veut pour preuve des conflits à Gaza, Irak, Ukraine, Lybie et l’intégrisme religieux de Boko Haram au Nigéria et au Cameroun. Sur le cas de Gaza, il a mentionné qu’il faut que chaque peuple puisse être libre et en sécurité dans un Etat qui est le sien. La fièvre hémorragique Ebola qui sévit en Afrique de l’Ouest est, selon lui, une préoccupation de la France et de la communauté internationale. Les questions de migration en Méditerranée n’ont pas été en reste, M. Hollande souhaitant des solutions humaines de solidarité entre les deux rives. «Nous devons tous ensemble montrer notre détermination à relever les défis de l’histoire», a-t-il dit. La commémoration du 70e anniversaire du débarquement de Provence s'est achevée par un dîner d’Etat offert par François Hollande à ses hôtes, toujours sur le porte-avions Charles de Gaulle. Avant, les invités ont eu droit à un défilé naval et aérien dont une exhibition de la Patrouille de France. Parmi la vingtaine de navires ayant pris part à la revue navale, figuraient 7 bâtiments en provenance du Royaume Uni, des Etats-Unis d’Amérique, de la Tunisie, de l’Algérie et du Maroc. Avant de s’envoler pour Toulon, le président du Faso, Blaise Compaoré, a reçu en audience, à Paris, le ministre français de la Défense, Jean Yves Le Drian, mais rien n’a filtré de cette rencontre. «Je n’ai pas de déclaration», a dit le ministre à la presse, à sa sortie d'audience, aux pas de course.
Sidwaya
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«Encore un effort à faire pour les anciens combattants», estime Blaise Compaoré
Vous avez pris part aux festivités du 70e anniversaire du débarquement de Provence où vous avez assisté au défilé naval et aérien. Quel bilan en tirez-vous ?
Blaise Compaoré (B.C.) : Nous sommes venus surtout pour partager des émotions, répondant à l’invitation du président Hollande. Il s’agissait pour nous de nous souvenir avec les Français et les Alliés, que sur cette terre de Provence a commencé le combat pour la libération de la France, de l’Europe et du monde, du nazisme et que sur cette terre, des Africains aussi étaient associés. Ils se sont sacrifiés pour la liberté du monde. Ce que nous retenons est qu’on avait toujours, au cours de ce défilé naval, bien sûr, une pensée pour tout ce qui s’est passé. Mais aussi, nous pouvons nous projeter sur l’avenir pour revoir combien, à cette époque, ces hommes, ces femmes, les forces françaises libres, les forces françaises en Afrique, les Alliés, dans une grande coalition qui transcendait les races, les ethnies, les couleurs, se sont mobilisés pour les grands idéaux qui ont permis au monde de s’organiser dans la paix, une plus grande solidarité entre les peuples. C’est le souvenir important pour l’histoire du monde et des peuples que nous sommes venus saluer et remercier la France qui a souffert mais qui a su être entreprenante et s’ouvrir au reste du monde pour qu’elle soit accompagnée dans la construction de sa liberté.
La France a remercié les chefs d’Etat et à travers eux, le peuple africain. Que peut-elle faire davantage en guise de reconnaissance pour les Africains qui se sont battus pour ce pays ?
B.C. : La France, si vous ne prenez que l’actualité que nous vivons, est présente à nos côtés, dans les situations difficiles et s’associe aux dirigeants africains pour traiter des questions de sécurité, de paix et de stabilité du continent. Il y a aussi les grands sujets de développement et cela est déjà une marque de cette ancienne solidarité avec la France qui est ainsi révélée. Mais, nous pensons que pour les anciens combattants qui sont encore là, il y a certainement, encore, un effort à faire pour les accompagner dans ces derniers moments de leur vie. Il y a certainement d’autres initiatives qu’elle pourrait prendre, mais je pense que c’est à elle de nous le dire.
S.S
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