Région du Centre-Nord

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Kogl-weogo: les enseignants en grève de 72 heures

Suite à la situation de Fanka où des kogl-weogo ont fait une descente dans le domaine scolaire pour une perquisition ayant conduit au payement d’une amende de 30 000 F CFA par le directeur pour fait de «vol » d’un sac de blé et de 20 000 F CFA par son adjoint pour avoir tenu des propos mal placés, les enseignants du Sanmatenga observent pour compter du lundi 11 avril 2016, une grève de 72 heures. 
Photo 1.jpgMalgré les multiples interventions des autorités administratives de la province du Sanmatenga, de l’administration scolaire locale, provinciale, régionale, des excuses officielles des parents d’élèves, des ressortissants du village de Fanka ainsi que les supplications des responsables de l’Association-mère Wendpenga des Kogl-weogo du Sanmatenga, les enseignants du Sanmatenga sont allés en grève pour trois jours. A l’appel des syndicats et de l’association des instituteurs principaux, les enseignants entendent ainsi manifester leur mécontentement de l’intrusion des Kogl-weogo dans la gestion des établissements scolaires et exiger le remboursement de la somme de 50 000 F CFA retirée à leurs collègues de l’école de Fanka et la garantie de leur sécurité dans les écoles. Cet arrêt de travail est suivi du dépôt des registres de gestion des vivres scolaires dans les circonscriptions d’éducation de base. « Nous nous désengageons désormais de la gestion de la cantine scolaire au profit des Kogl-weogo », confie un directeur d’école, gréviste.
Photo 3.jpg« Nous partageons le sentiment qui vous anime en ce moment. Mais, je voudrais vous exhorter à faire preuve de courage et de grandeur d’esprit afin de préserver ce qui est de plus cher pour nous : les élèves », avait conclu Moussa Sawadogo, DRENA du Centre-Nord lors de la rencontre avec une mission conduite par l’association Wendpanga en présence de responsables des enseignants, le 10 avril. En effet, Youssouf Ouédraogo, président de l’association Wendpanga avait conduit une mission à Fanka pour ramener à la raison ses camarades de lutte de ce village situé à une dizaine de kilomètres au Nord-Est de la ville de Kaya. De passage pour regagner leurs villages respectifs dans la commune de Mané à une trentaine de kilomètres à l’Ouest de Kaya, les quatre membres de la mission ont bien voulu faire le compte-rendu aux autorités de l’administration scolaire et aux représentants des enseignants à la veille du début de la grève provinciale. Déplorant le comportement de leurs camarades de Fanka, Youssouf Ouédraogo soutient que son association ne se reconnaît pas dans les actions dirigées contre les enseignants. Selon lui, les membres de l’association Wendpanga depuis son existence, il y a 11 ans, ont toujours eu de la considération envers les enseignants au regard du travail qu’ils abattent quotidiennement au profit de leurs enfants. « Nous avons toujours travaillé à protéger les enseignants qui, autrefois, avaient de la peine à rejoindre leur poste avec leur salaire», dit-il.
Regrettant que les membres de Fanka aient utilisé le couvert de Kogl-weogo pour des règlements de compte entre filles et fils du village de Fanka, les responsables Kogl-weogo, la main sur le cœur, ont donné l’assurance de leur protection aux enseignants de la province. « La fermeture des classes à la veille des examens scolaires est une énorme perte pour nous et pour l’ensemble de la province », ont-ils reconnu tout en implorant les enseignants à regagner les classes pour sauver l’année. Conscients que cette grève impactera l’apprentissage des 119 033 élèves et 1093 élèves-maîtres, les enseignants de la province du Sanmatenga soutiennent partager les mêmes inquiétudes. Mais, ils regrettent ne pas pouvoir lever la grève. Prenant acte de la volonté des uns et des autres pour satisfaire leurs revendications, ils fondent l’espoir que les démarches promises par les supérieurs hiérarchiques et les responsables Kogl-weogo permettront de résoudre définitivement le problème.
 

Les Kogl-weogo ne se reconnaissent pas dans l’affaire de Fanka

Photo 2.jpg« Nous sommes préoccupés du fait que le problème touchera l’ensemble de la province et pas seulement Fanka qui semble plus préoccupé par les vivres que par la réussite scolaire de leurs enfants », a déploré le président de l’association Wendpanga de retour de Fanka,     Youssouf Ouédraogo. « Nous sommes allés à Fanka, à la demande des autorités de l’administration scolaire avec l’espoir de trouver une entente entre le groupe et le corps enseignant conformément à l’esprit de notre association. Malheureusement, nos attentes ne sont pas encore comblées. Mais nous avons espoir que tout rentrera dans l’ordre pour le bonheur de nos enfants, du fait que c’est nous qui avons installé ce groupe Kogl-weogo il y a de cela 6 mois. Nous pourrons prendre une sanction à l’encontre de ce groupe qui se montre dissident », dit-il. Il poursuivit : « Je félicite les enseignants et je leur demande sincèrement pardon pour ce incident. Je leur demande de ne pas s’en prendre au Kogl-weogo par rapport à cette situation car vraisemblablement elle est issue d’une situation de mésentente entre les fils et filles du village de Fanka. Nous existons depuis 11 ans mais nous n’intervenons pas dans la gestion des services administratifs. Nous n’attendons des enseignants que de bons résultats scolaires ».
Les Kogl-weogo de Fanka sont restés dans sur position, malgré la volonté des ressortissants et même du président Youssouf Ouédraogo de rembourser la somme de 50 000 F CFA retirée chez les enseignants de l’école. Ils refusent de présenter leurs excuses et exigent des autorités de l’administration scolaire des éclaircissements sur la gestion des vivres de l’école de Fanka. Car, selon leur vérification du contenu du magasin, il y a un manquant de 30 sacs de blé.  A l’origine de ce bras de fer, des jeunes gens se réclamant du Kogl-weogo ont fait irruption dans le domaine scolaire de Fanka exigeant la fouille de la voiture du directeur. Estimant que c’est un flagrant délit de vol, ils ont encaissé la somme de 50 000 F CFA comme amende infligée au maître des lieux et son adjoint sous peine de se voir ligoter devant le regard impuissant des élèves, des autres collègues et des villageois. Ils avaient retiré les clés du magasin pour faire un inventaire le lendemain avant de remettre les clés au gardien par le bon soin d’un sage du village.
Sidwaya


12/04/2016
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