Région du Centre-Nord

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Lutte contre le Sida et les IST : Prendre désormais en compte la dimension genre

Le conseil Régional de Lutte contre le Sida et les IST du Centre-Nord a tenu le jeudi 30 mai 2013 à Kaya, une rencontre de plaidoyer avec les autorités administratives politiques, coutumières et religieuses pour la prise en compte de l’approche genre dans les interventions en matière de lutte contre le VIH/SIDA et les IST. Pour mieux connaître cette nouvelle dimension dans la réponse au VIH, nous avons rencontré Mme OUEDRAOGO/SAWADOGO Maïmouna, Chef d’Antenne Régionale du SP/CNLS-IST de la région du Centre-Nord. Elle nous parle de la féminisation du VIH/Sida et des engagements des leaders pour la prise en compte de l’approche genre dans leur lutte.

AIB : Quel contenu donnez-vous au concept genre dans la lutte contre le VIH/Sida et les IST ?

Mme Ouédraogo/Sawadogo Maïmouna (OSM): La définition consensuelle retenue dans le document de la Politique Nationale Genre, le genre doit être analysé sous l’angle des inégalités et des disparités entre hommes et femmes en examinant les différentes catégories sociales dans le but d’une plus grande  justice sociale et d’un développement équitable. Mais l’approche genre dans la réponse au VIH/SIDA, au-delà des disparités et des inégalités Hommes/Femmes, intègre les groupes spécifiques tels que définis  dans le Cadre Stratégique de Lutte contre le SIDA.

AIB : Quels sont ces groupes spécifiques ?

OSM : Ces groupes spécifiques sont des cibles importantes de la réponse au VIH  et  comportent trois (3) sous-groupes à savoir les populations à haut risque qui de par leurs activités et leur milieu de vie  ont des comportements sexuels qui les exposent fortement au risque de contact avec le VIH. Il s’agit des populations carcérales, des travailleurs et travailleuses de sexe, les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, des usagers de drogues et des Personnes vivant avec le VIH(PVVIH). Deuxièmement, il y a les populations passerelles ; c’est-à-dire en contact avec les précédents et caractérisée  par leur mobilité géographique.  Ce sont notamment les populations des zones minières, les personnels de tenue (militaires et paramilitaires), les routiers/transporteurs, les jeunes (filles), les travailleurs de secteur privé notamment le secteur informel et la population générale. Enfin, nous avons les populations dites vulnérables qui, de par leur situation sociale (santé précaire, incapacité physique et morale, pauvreté, veuves etc.), sont exposées à l’infection VIH. Il s’agit des orphelins du fait du SIDA et d’autres enfants vulnérables, des personnes vivant avec des Handicaps, des femmes en âge de procréer, des indigents, etc.

AIB : Quels sont les facteurs de vulnérabilité au VIH/Sida?

OSM : les facteurs de vulnérabilité sont entre autres le multi partenariat sexuel,  le lévirat, le sororat, l’excision, le mariage forcé, les rapports sexuels précoces, la prostitution, la toxicomanie, etc.

AIB : Quelle est la situation de la femme du Centre-Nord  par rapport au VIH ?

OSM : Selon les statistiques  des services de santé du Centre-Nord (DRS), au premier trimestre de l’année 2013, 72 femmes contre 31 hommes ont été nouvellement enrôlés. Et sur les 2392 patients inscrits régulièrement suivis dans les files actives de prise en charge, on dénombre  1646 femmes contre 631 hommes; 647 femmes  de 15ans et plus sont sous ARV contre seulement 298 hommes sur un total de 945 patients. Vous voyez que les statistiques montrent que  les femmes sont plus touchées que les hommes. Tout simplement les femmes fréquentent les formations sanitaires et acceptent se faire dépister  notamment par le biais de la Consultation Pré Natale et connaissent leur statut sérologique   par contre certains hommes n’acceptent pas se faire dépister facilement donc ne connaissent pas leur statut sérologique.  

 

AIB : Quels sont les inégalités entre hommes et femmes vivant avec la VIH ?

OSM : Outre les inégalités entre hommes et femmes, face au risque de contracter l’infection à VIH, les rapports sociaux placent les femmes infectées par le VIH dans des situations d’autant plus difficiles qu’elles sont des femmes. En annonçant sa séropositivité  à son partenaire, dans beaucoup de milieux, la femme est en général accusée, avant d’être rejetée. Quand elle n’est pas mise dehors, il y a arrêt des rapports sexuels voire de tout contact physique. Par peur du rejet, des femmes peuvent choisir de se taire et de souffrir seules.

AIB : Face à ces inégalités quelles sont les actions menée par votre structure?

OSM : Les actions menées sont entre autres : la sensibilisation de la population par les structures d’exécution que sont les associations de lutte contre le SIDA, l’appui/conseil, la prise en charge médicale et psychosociale, le plaidoyer auprès des élus locaux pour la prise en compte du volet VIH dans les plans communaux de développement, le plaidoyer auprès des autorités administratives, politiques , coutumières et religieuses  pour la prise en compte du genre dans les interventions en matière de lutte contre le VIH/SIDA et les IST.

AIB : Quel a été l’engagement des autorités administratives, politiques, coutumières et religieuses lors de votre rencontre de plaidoyer ?

OSM : Les engagements issus de cette rencontre sont les suivants : la prise en compte du genre dans les actions de lutte contre le SIDA, le plaidoyer auprès des projets et programmes , des élus locaux pour l’intégration de la dimension genre dans leurs plans et projets et programmes,  la sensibilisation des fidèles lors des rencontres et à travers les associations confessionnelles, dans leur prêche   et à la mosquée, le renforcement de la sensibilisation à travers les médias locaux ,l’appui technique et le plaidoyer.

AIB : Que direz-vous en conclusion ?

OSM : Les inégalités et les disparités selon le genre limitent l’impact des actions et ne favorisent pas le développement. Il faut donc les corriger d’où la promotion de l’approche genre dans la réponse nationale au VIH. Je remercie l’AIB pour l’intérêt accordé à l’antenne régionale du SP/CNLS-IST de la région du Centre-Nord. Je souhaite de tout vœu que cette perche qui nous est tendue pour nous faire connaitre de l’opinion publique soit un début de collaboration pour imprimer plus de visibilité aux actions de lutte contre le VIH/SIDA et les IST dans la région du Centre-Nord. Je voudrais par la même occasion réitérer mes remerciements et mes encouragements aux partenaires techniques et financiers ainsi que les associations de lutte contre le VIH/SIDA et les IST pour le travail remarquable mené jusque là en termes de sensibilisation, de dépistage et de prise en charge des  personnes vivant avec le VIH. Je n’oublie pas les autorités locales pour leur soutien et leurs engagements dans la réponse régionale au VIH.  

Propos recueillis par l'AIB

source Sidwaya



15/06/2013
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