Orpailleur au Centre-Nord : Le couteau à double tranchant
« L’or fait rêver, l’or fait vivre. » Le Centre-Nord compte à nos jours 229 sites d’exploitation aurifère dont 02 mines industrialisées (SOMITA et BISSA GOLD), 03 mines d’or semi-mécanisées, 75 sites artisanaux et 149 sites sauvages ou anarchiques avec 05 comptoirs d’achat. De prime à bord, cette ressource suscite beaucoup d’espoir pour les populations en matière de réduction de la pauvreté. D’où la ruée vers le métal jaune qui touche toutes les couches sociales de la région. Une ruée qui se justifierait entre autres par la pauvreté de la majeure partie de la population, la recherche d’un mieux-être et l’insuffisance d’encadrement des enfants doublée de la remise en cause de l’autorité parentale. Aussi, le chômage des jeunes non scolarisés, le déphasage des diplômes avec le marché de l’emploi et la déscolarisation en sont également des causes. La situation s’est aggravée par le goût élevé pour l’argent et le gain facile. Il apparaît, en effet, que l’orpaillage est source d’espoir pour une jeunesse au chômage. Il contribue à la création d’emploi et participe aux charges familiales et à la réalisation d’un bien-être social. Les secteurs de l’éducation et de la santé ont souvent bénéficié de dons divers, de la construction d’infrastructures ainsi que leur équipement. Région d’agriculture et d’élevage, le Centre-Nord tire des ressources additionnelles pour le développement du secteur rural. Ces ressources offrent aux ménages des opportunités d’amélioration de la productivité des ressources animales et contribue au financement de l’équipement agricole.
«L’or une menace sérieuse »
Si l’or fait rêver plus d’un, le constat est que malheureusement l’exploitation artisanale, surtout anarchique de l’or engendre d’importants risques d’ordre sanitaire, environnemental et éducatif. En effet, la situation sanitaire sur les sites d’orpaillage est en général très précaire. Les conditions d’hygiène, d’alimentation et les comportements à risque sont à la base de la détérioration de la santé des orpailleurs en général, des femmes et des enfants en particulier. Les secteurs prioritaires de développement influencés par le phénomène de l’orpaillage sont l’éducation, la santé, le secteur rural, la sécurité des personnes et des biens, la protection de l’enfance, le genre et la jeunesse. L’incidence de l’orpaillage sur la santé tant animale qu’humaine est considérable. Les conditions matérielles et hygiéniques de l’exercice de l’orpaillage aggravées des atteintes aux mœurs (viols, prostitution, toxicomanie, …) sont des sources d’exacerbation des différents risques sanitaires. En plus des impacts indirects principalement liés à l’ingestion d’aliments pollués par le mercure, les orpailleurs qui inhalent les vapeurs de mercure sont exposés à une intoxication aigue ou chronique. Les dérivés du cyanure et les autres déchets de l’orpaillage, sont également très nocifs pour l’homme, les animaux et l’environnement. Au total, l’impact sanitaire de l’orpaillage est un problème majeur de santé publique. Sur l’environnement, les effets de l’orpaillage opère une dégradation et une transformation des écosystèmes, du relief et des sols, une perte de la biodiversité ainsi que des pollutions. L’occupation des berges et lits des cours d’eau, des plans et retenus d’eau accentue leur ensablement, la dégradation des ouvrages hydrauliques, la pollution des eaux par l’usage des produits chimiques. L’agriculture n’est guère épargnée par les affres de l’orpaillage. En effet, les menaces de cette activité sur l’agriculture portent sur la pollution, la dégradation et les pertes de terres arables conduisant inexorablement vers une insécurité alimentaire des familles, des propriétaires terriens touchés par l’orpaillage. La situation s’est aggravée par la prolifération des de certaines maladie des plantes et la migration de la main d’œuvre. Il ressort l’agression, l’invasion voire la destruction des habitats naturels de la faune, la pollution et la perte des pâturages. Aussi, l’orpaillage dépouille les villages de la plupart des jeunes et/ou des enfants pour conduire le troupeau et le gardiennage. Les produits chimiques utilisés sont causes d’intoxication des animaux.
L’urgence ...
Si le secteur de l’exploitation artisanale de l’or n’est pas surveillé et organisé, il pourrait constituer un péril pour le devenir de la région et partant du Burkina Faso. En effet, de nombreux enfants pourraient opter pour cette activité à leur portée et qui permet de satisfaire certains besoins vitaux comme se nourrir, se vêtir et se soigner, ignorant le caractère éphémère de cette richesse et les risques immédiat tout comme les effets à long terme sur l’environnement, leur santé et la vie. Qu’adviendra-t-il une fois ces ressources épuisées ? Quelles populations pour l’édification de la Nation dans les années à venir ? La mise en œuvre des recommandations du forum régional sur la problématique de l’orpaillage et ses implications sur l’enfance et les abandons scolaires tenu dans le commune de Mané le 23 janvier 2014 relève d’une urgence tant les risques de cette activités sont énormes et les effets pervers irréversibles.
actu-sanmatenga
A découvrir aussi
- KAYA : Conférence gratuite sur la réussite professionnelle
- LUTTE CONTRE LE PALUDISME : « 90% des ménages ont reçu leurs moustiquaires »
- Projet d’appui aux filières agricoles : Plus de 150 microprojets financés selon Drissa Traoré
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 321 autres membres