Extraction minière : Le RENAPEE-BF demande des états généraux du secteur minier burkinabè
Le continent africain est caractérisé par la richesse et la variabilité de son sous-sol en minerais. Malheureusement, les codes miniers sont souvent rédigés par des experts occidentaux ; et donc très attractifs aux investisseurs étrangers.
Au Burkina, le secteur minier connait de nos jours un essor sans précédent. Entre 2007 et 2011, la contribution du secteur minier à la croissance est passée de 0,1 à 2,6%. L’or représentait 74% des exportations en 2012. Après 2002, le rythme des attributions de permis de recherche a quintuplé. En juin 2014, on comptait : 689 permis de recherche, 29 permis semi-mécanisés, 215 attributions artisanales, 61 attributions de substance de carrière, 13 permis d’exploitation industrielle.
Les tares du secteur minier burkinabè
Malgré ces potentialités non négligeables, le secteur minier burkinabè souffre d’un certain nombre de problèmes. Il s’agit : de la faiblesse de la part d’action pour l’Etat (seulement 10%) ; faible transparence dans la production et les transactions financières ; faible implication des fournisseurs nationaux de biens et services utilisés ; fuite des capitaux ; emplois précaires ; surexploitation des infrastructures routières sans pourtant y participer au bitumage ou à l’entretien ; dédommagement complaisant des populations… C’est du moins le constat fait par le Réseau national pour la promotion des évaluations environnementales (RENAPEE-BF).
La gouvernance environnementale, elle est caractérisée par : l’insuffisance dans la mise en œuvre du PGES ; les plans de réhabilitation et de fermeture non entamés en phase d’exploitation ; l’industrie extractive est dominée par la violation des droits de l’homme ; les fosses d’exploitation sont de nature irréversible. Aussi, l’industrie extractive est associée à la déforestation, à l’érosion et à la dégradation des sols, à la pollution de l’air et à la rupture de l’écosystème. Pire, les effluents utilisés pour le traitement des minerais ont souvent des niveaux d’acidité trop élevés et de sources diverses.
La période est favorable pour renégocier les termes des contrats
La période socio-politique actuelle est favorable pour réviser le code minier et renégocier les contrats miniers, estiment les animateurs de la conférence de presse. « Le contexte actuel pourrait être favorable pour que nos cris de cœurs soient entendus afin que nos mines nous soient plus profitables », soutient Désiré Yaméogo, le président du RENAPEE-BF. Les membres du réseau recommandent donc, entre autres de :
faire les états généraux du secteur minier ;
réviser le code minier pour prendre en compte les insuffisances liées à l’exploitation notamment revoir à la hausse la fiscalité, le cadre de réhabilitation et de fermeture des sites, le cadre de réinstallation des populations affectées ;
réviser le code de travail afin de protéger les employés des sociétés privées ;
renégocier les contrats miniers et les contrats de travail ;
réaliser une évaluation environnementale stratégique pour le secteur minier ;
renforcer les structures de l’Etat (BUMIGEB, BUNEE, DGPEDD, ARSN…) en moyens matériels (kit) et financiers nécessaires pour les inspections minières et environnementales.
Désiré Yaméogo et ses camarades regrettent le fait que d’autres associations prennent le contre-pied de leur lutte. « Pendant que nous là en train de sensibiliser, il y a des associations financées par les projets miniers qui vont dire le contraire parce qu’ils défendent l’intérêt des projets miniers et non l’intérêt des populations ou de l’Etat », lance le président Yaméogo. Avant de conclure, s’adressant aux hommes de médias : « Nous souhaitons que vous soyez des relais auprès des autres acteurs afin que nous puissions avoir des changements dans les activités minières, des changements qui profitent à tous ». Sa structure devrait organiser des conférences et formations dans les jours à venir, pour informer davantage le public sur la problématique du secteur minier.
Présentation du RENAPEE-BF
Le RENAPEE-BF a vu le jour le 28 juin 2013. Il compte environ 100 membres de nationalité burkinabè, ivoirienne, camerounaise et sénégalaise. Il a pour but de promouvoir la protection et la préservation de l’environnement par la prise en compte des évaluations environnementales dans le contexte du développement durable.
Les objectifs du RENAPEE-BF :
contribuer au renforcement des capacités nationales en matière d’évaluation environnementales à travers la formation de la société civile et les pouvoirs locaux pour l’intégration de leurs préoccupations de durabilité dans les projets soumis à l’étude d’impact ;
promouvoir les échanges entre professionnels afin de garantir l’observation des règles minimales environnementales ;
coopérer avec les autres organisations régionales et internationales intervenant dans le domaine de l’environnement et participer à des séminaires, débats et colloques nationaux et internationaux relatifs à l’environnement ;
promouvoir la recherche action dans le domaine des évaluations environnementales et capitaliser les données du réseau.
Lefaso.net
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