Explosion de larlé : A la rencontre des sinistrés relogés
Une semaine après l'explosion qui a secoué le quartier Larlé et ses environnants, notre équipe de reportage a visité le site d'accueil des sinistrés, pour constater l'évolution de la situation. Des efforts ont été et continuent d'être faits pour la prise en charge des sinistrés, mais certains en demandent plus.
Les sinistrés du drame du 15 juillet 2014 de Larlé ne se sont pas encore remis de leur traumatisme, suite à la forte explosion qui a coûté la vie à 5 personnes et fait de nombreux blessés. C'est du moins le constat que nous avons fait le 22 juillet dernier sur le site de l'Action sociale et de la solidarité nationale, qui a accueilli 84 sinistrés au total. Dès notre arrivée, ce sont des sinistrés au visage crispé, toujours sous le choc, qui nous ont accueilli. Mais nous ne pouvons pas nous adresser directement à eux. Procédure oblige ! Nous nous sommes fait enregistrer au service d'accueil. Après une longue attente, c'est la responsable du centre, Haoua Ouattara, qui nous a reçu dans son bureau. Entre deux coups de fil, elle nous souhaite la bienvenue et nous demande ce qu'elle peut faire pour nous. Nous lui déclinons l'objet de notre visite. Elle accepte de faire le point de la situation des personnes accueillies. 17 personnes ont été accueillies, selon elle, dès le 1er jour du drame. Mais à ce jour, a-t-elle poursuivi, 84 personnes sont hébergées sur le site, nous confie-t-elle d'un air grave. Selon elle, une équipe composée d'agents de sécurité de la mairie, de cuisiniers, d'agents de l'eau, de l'assainissement et de l'éducation, veille au grain pour assurer le quotidien des sinistrés. Des représentants d'associations et d'ONG y sont également impliqués. Les sinistrés bénéficient de 3 repas par jour. Ces repas sont composés d'un petit- déjeuner, d'un déjeuner et d'un dîner. Si le petit- déjeuner est constitué de lait, de café et de pain, le déjeuner et le dîner varient en fonction du menu du jour. Le riz, le tô et le haricot constituent les plats les plus courants. C'est le CONASUR qui approvisionne essentiellement le site, à l'en croire. Certaines bonnes volontés viennent également faire des gestes de solidarité. Après notre entretien avec la responsable du centre, nous avons demandé à rencontrer les personnes sinistrées. Chose que nous obtenons sans difficulté. Assis en petits groupes, par affinité, les sinistrés reçoivent des visiteurs. Certains visiteurs ne viennent pas les mains vides. C'est ainsi que nous avons vu un groupe de visiteurs, après salutation et message de compassion, glisser un billet de 5 000 F CFA au responsable du groupe de sinistrés. Notre premier interlocuteur se prénomme Grégoire. Il décide de ne pas nous donner son nom. Visiblement toujours sous le choc, il dit avoir perdu tout son matériel. Il dit avoir une fille hospitalisée à l'hôpital Yalgado Ouédraogo. Sur le même site, ses 3 autres enfants et son épouse vivent les mêmes réalités que lui. Pas de promesse exacte quant à leur éventuelle relocalisation. Il appelle de tous ses vœux les personnes de bonne volonté à leur venir en aide. Un peu plus loin, c'est une dame au regard hagard qui nous interpelle. Elle, c'est Monique Kafando, mère de 4 enfants blessés lors de l'explosion. Les 3 enfants ont plus ou moins recouvré la santé mais une fille reste toujours hospitalisée dans un état critique. Elle doit subir une chirurgie faciale selon sa sœur. Elle aurait subi une première intervention chirurgicale qui n'a pas donné de bons résultats et devait subir une autre ce jour même. Elle déplore la situation dans laquelle elle est depuis une semaine. A côté d'elle, une autre femme presqu'en larme s'adresse à nous. « Je suis Awa Prisca Compaoré, artiste- comédienne. La prise en charge n'est pas gratuite », s'exclame-t-elle. Selon elle, les médicaments achetés hors de l'hôpital Yalgado Ouédraogo sont à la charge des parents de la victime. Ce que confirme Prudence Ouédraogo, la sœur de la blessée grave. Elle évoque également des disfonctionnements ou incompréhensions entre le personnel soignant et les pharmaciennes ou auxiliaires en pharmacie. Elle remet également en cause la qualité des soins administrés à sa sœur. « On pouvait sauver l'œil de ma sœur si toutes les dispositions étaient prises », s'est-elle indignée.
Après le site d'accueil, nous avons mis le cap sur la mairie de l'arrondissement 2 où se tenait une rencontre pour décider des prochaines étapes de la prise en charge des sinistrés. Il fallait attendre que les responsables finissent leur rencontre avant de leur arracher quelques mots. Une heure d'attente et voilà ! C'est le 1er adjoint au maire, Evariste Kiemtoré, responsable du site de l'Action sociale, qui nous accueille dans son bureau. «Après l'explosion, le maire a mis en place un dispositif pour accueillir les premiers sinistrés. Nous étions sur les lieux jusqu'à 1h du matin. Après, il fallait formaliser ce comité par un arrêté impliquant tous les services concernés. Jusque-là, les couvertures, les moustiquaires, la nourriture, tout est assuré par la grâce de Dieu. Depuis le 16 juillet dernier, nous avons reçu toutes les couches sociopolitiques de la capitale pour concourir à la prise en charge des sinistrés », nous relate-t-il, avant d'ajouter que des dispositions sont en train d'être prises pour que chaque site ait un responsable. Un système qui permettra aux sinistrés, selon lui, de transmettre et de recevoir les messages en cas de besoin. Pour le moment, aucune perspective de relogement n'est envisagée. « Notre tâche est d'accueillir, nourrir et héberger les sinistrés ; des voix plus autorisées pourraient nous situer davantage, les jours à venir, sur le relogement des sinistrés », nous a dit le 1er adjoint au maire. Après cet entretien, le maire de l'arrondissement, Hamidou Simporé, nous reçoit dans son bureau. Il nous montre les traces occasionnées par l'explosion, encore visibles sur le plafond de son bureau. « Nous étions en réunion le jour du drame. Notre bâtiment a été secoué. J'ai cru que c'était notre bâtiment qui avait croulé », a-t-il dit. A la question de savoir ce qui sera fait dans un bref délai, M. Simporé répond : «Nous ne pouvons pas vous dire ce qui sera fait dans un bref délai. Nous avons reçu mandat de gérer les sinistrés au niveau des deux sites d'accueil. Le premier site abrite les personnes en état de convalescence et l'autre les sans-abris », a-t-il conclu.
Issa SIGUIRE
Lepays
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