Région du Centre-Nord

Le sida sévit toujours dans le Centre-Nord et des actions concertées devraient être mises en œuvre par l’ensemble des acteurs au développement au niveau local. C’est la substance le plaidoyer que l’antenne régionale du SP/CNLS a voulu faire en organisant à Kaya le 16 août 2013, une rencontre de concertation avec les Autorités Administratives, politiques, religieuses et coutumières ainsi que les représentants des organes de presse au niveau local sur la problématique de la réponse régionale au VIH/Sida et les IST.

Ainsi donc, la situation du VIH/Sida et des IST ainsi que les facteurs de vulnérabilité spécifiques de la région ont été révélés aux participants venus des trois provinces de la région.

L’enquête démographique et de Santé (EDS) et les indicateurs multiples de 2010 montre que le Centre-Nord a un taux de prévalence de 0,5%. Il se place derrière le Plateau Central, le Sahel et l’Est qui détiennent les taux les plus faibles au Burkina avec respectivement 0,2%, 0,3% et 0,4%. La région du Centre enregistre le taux le plus élevé avec 2,0% il est suivi des régions du Centre-Ouest et des Haut-Bassins avec respectivement 1,7% et 1,4%.

La file active globale de la région du Centre-Nord au 30 juin 2013 donne 2984 patients inscrits et régulièrement suivis dont 2099 femmes soit 73,38% et 120 enfants. La même source révèle que 32274 femmes enceintes testées à la même période, 216 sont séropositives. Cependant, seulement 212 partenaires des femmes enceintes ont accepté faire le dépistage dont 12 testés séropositifs.

La jeunesse de la population (74,85% de moins de 30 ans) doublée de certains comportement dont les rapports sexuels précoces, la toxicomanie, la prostitution, l’alcoolisme, le multi-partenariat sexuel ainsi que certaines pratiques socioculturelles telles le lévirat, le mariage forcé et/ou précoce sont entre autres facteurs de propagation du VIH. Aussi les proliférations des sites d’orpaillages artisanaux, la position de zone de carrefour de la région, l’organisation de marchés de nuits et des réjouissances populaires non contrôlés constituent entre autres des zones à risques de contamination.

Au premier semestre de l’année en cours, 32 décès ont été Malheureusement enregistrés. « Aucun décès lié à l’infection à VIH n’est tolérable de nos jours. » condamne Madame Ouédraogo/Sawadogo Maïmouna, Chef d’antenne régionale du SP/CNLS du Centre-Nord. Elle pointe du doigt la faible adhésion des partenaires des femmes enceintes à la Prévention de la Transmission Mère/Enfant (PTME) et la persistance des pesanteurs socioculturelles néfastes. Malgré les nombreuses actions menées sur le terrain, en riposte à ce fléau, des difficultés réelles dont la précarité des sources de financement entravent l’atteinte des résultats escomptés.

A travers les échanges qui ont suivis les présentations, l’antenne régionale a pu recueillir des participants des suggestions à même d’améliorer les interventions de lutte dans le Centre-Nord. La révision des stratégies de luttes s’imposerait également afin de mieux s’adapter aux réalités du moment. La prise en compte effective de la question du VIH/Sida et des IST dans les Plans Communaux de Développement pourrait permettre une réponse locale au fléau ; pour ce faire, les participants préconisent la multiplication des plaidoyers auprès des élus locaux et la mise en place d’un dispositif de suivi de la prise en compte du VIH/Sida dans les PCD ainsi que la mise en œuvre des activités de riposte.

Pierre Bicaba, Secrétaire Général de la Région du Centre-Nord qui a présidé la concertation, s’est dit satisfait de la qualité des débats qu’il a qualifiés d’intenses et de fructueux. Parlant du taux de prévalence relativement faible, il a invité chacun à ne pas se laisser tromper par les chiffres et à redoubler de vigilance. « Dernière ces chiffres, il y a une réalité qui est la présence effective du VIH/Sida. » a-t-il prévenu.