Le pape François a été ovationné par les participants du Synode, après un discours remarqué sur les tentations qu'ils ont rencontrées
Les pères synodaux ont conclu ce samedi 18 octobre leur assemblée extraordinaire sur la famille, par l'adoption d'un rapport de 17 pages, où les paragraphes sur les questions sensibles portant sur les divorcés-remariés et sur l'accueil des personnes homosexuelles n'ont pas trouvé la majorité des deux-tiers requis.
« Cela ne signifie pas que ces paragraphes soient rejetés mais qu'il y a toujours du chemin à faire », ont commenté les porte-parole du Vatican, insistant que le document adopté n'est pas final mais servira au prochain Synode dans un an. Les trois paragraphes restent donc ouverts à discussion : « Nous sommes dans un processus en cours ».
RÉSULTATS TRANSPARENTS
Par volonté de transparence du pape, le Saint-Siège a publié les résultats des votes des 183 pères synodaux, paragraphe par paragraphe. Ils font apparaître que 74 pères synodaux ont refusé le paragraphe avançant l'idée d'un chemin de pénitence sous responsabilité de l'évêque diocésain au terme duquel les divorcés remariés pourraient retrouver la table eucharistique et rappelant que d'autres veulent s'en tenir à la discipline actuelle.
Le paragraphe suivant sur la « communion spirituelle » avec les divorcés remariés et la question en conséquence de la communion sacramentelle a été aussi rejeté ( 64 contre, 112 pour).
Le paragraphe s'interrogeant sur « quelle attention pastorale soit opportune » pour les situations des « personnes avec une orientation homosexuelle au regard de l'enseignement de l'Eglise » et indiquant qu'elles doivent « être accueillies avec respect et délicatesse » a manqué de seulement une poignée de voix pour être adopté aux deux-tiers (118 pour, 62 contre, 3 abstentions). La majorité requiert aux deux-tiers requiert 122 voix.
Dans une version rendue publique en début de semaine, le ton sur cette question sensible était plus audacieux, irritant une partie des pères synodaux, regrettant aussi sa médiatisation.
Tous les autres paragraphes ont été adoptés pendant un vote, au terme duquel le pape François a prononcé un discours remarqué, également rendu public. Il a été suivi d'une longue ovation de l'assemblée debout.
LONGUE INTERVENTION APPLAUDIE DU PAPE
Dans son intervention, le pape est parti des tentations du Christ au désert pour en les appliquer à l'assemblée au cours des deux semaines de Synode. Il a énuméré « la tentation de la solidification de l'ennemi » : « C'est le désir d'inclure dans le mot écrit » sans « être surpris par Dieu, le Dieu des surprises (..) C'est la tentation du zèle, scrupuleux »
Le pape a aussi évoqué la « tentation de descendre de la croix, pour faire plaisir aux gens, et de ne pas y rester pour accomplir la volonté du Père » : « De se prosterner devant l'esprit du monde au lieu de nettoyer et de se prosterner devant l'Esprit de Dieu ».
MERCI AUX MÉDIAS
Autre « tentation », celle « d'ignorer la réalité et d'utiliser un langage de constriction ». Le pape a cité Benoît XVI dans son allocution. Le pape émérite participera dimanche 19 octobre à la béatification de Paul VI, prévue place Saint-Pierre.
En quittant la salle du Synode, le pape François a malicieusement remercié les journalistes pour leur travail. Plusieurs cardinaux les plus conservateurs avaient au contraire reproché aux médias leur couverture de cette assemblée synodale décrite par maints vaticanistes comme sans pareil.