Région du Centre-Nord

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Pourquoi donner de l’argent pour la célébration de la messe ?

La pratique des “honoraires de messe”, remonte au VIIIe siècle dans l’Église catholique, et trouve sa racine dans l’Ancien Testament, où le prêtre recevait une part des sacrifices faits à Dieu. Le prêtre doit toujours pouvoir vivre de l’autel dit-on traditionnellement. Ainsi, la vie matérielle de l’Église et de son clergé repose donc sur cette contribution volontaire des fidèles, malheureusement pas toujours bien comprise.

Comme sur bien d’autres actions des catholiques, certains se posent des questions sur les raisons pour lesquelles, le fidèle catholique donne de l’argent pour demander la célébration d’une messe. La prodigalité divine serait-elle donc tarifable ? Non bien sûr !

L’église catholique dispose, que les fidèles peuvent demander la messe, pour dire merci à Dieu. Il s’agit de rendre grâce à Dieu pour un événement heureux dans leur vie ou celle des autres, comme par exemple des noces d’or ou d’argent, un anniversaire, une réconciliation, une guérison ou une conversion… En somme, les catholiques peuvent confier à la messe, des intentions qui leur tiennent à cœur, par exemple pour la paix dans le monde, pour un ami en difficulté, pour les vocations ou pour les proches. Pour eux, on peut demander à Dieu de les aider, de les accompagner dans des moments importants ou difficiles de leur vie. Quant aux défunts, celui qui demande la messe pour eux, pose un acte de foi et d’espérance en la bonté de Dieu, mais aussi un acte de respect, de fidélité et de charité à l’égard de ceux qui nous ont précédés, et qui auraient encore besoin de se purifier pour entrer dans la lumière du bonheur éternel. Ce que d’autres chrétiens condamnent chez les catholiques, et qui pourrait nous intéresser dans un autre écrit.

Les catholiques garderont surtout en esprit, que toute messe est d’abord célébrée pour le monde entier, tant il est vrai que le prêtre redit ces mots mêmes du Christ « ceci est mon corps livré pour vous. Ceci est mon sang versé pour la multitude ». C’est en sus de cette première intension générale donc, que l’église catholique reconnait au célébrant, la possibilité de joindre telle ou telle intention particulière qui peut lui être confiée.

Faut-il forcément donner une date ? Ce n’est pas obligatoire. Cependant, on ne commet pas de péché non plus, si l’on demande une messe pour une date précise, ou si on laisse le soin au prêtre de célébrer la messe demandée à une date qui lui convient. Cette intention de messe que l’on demande, s’accompagne d’une offrande faite au prêtre qui célèbrera cette messe. Par celle-ci, celui qui demande la messe, participe à la vie matérielle de ceux qui se consacrent au service de Dieu et de son Église.

Mais attention. Ce n’est pas parce qu’un prêtre a célébré une messe où 100 intentions ont été confiées, qu’il empoche la totalité de l’offrande des 100 intentions. Selon le droit canon, le prêtre n’a droit qu’à l’équivalent d’une offrande par jour, ainsi que l’indique le canon 828 : « autant de messes doivent être célébrées et appliquées qu’il y a eu d’honoraires même minimes donnés et acceptés ». Concrètement, le célébrant retient un honoraire sur les 100, et les 99 autres vont êtres portés par d’autres prêtres. Car faut-il le rappeler, il y a des paroisses où il n’y a pas assez de demandes de messes. Le surplus apparent dans les paroisses où les chrétiens demandent beaucoup de messes, est partagé au bénéfice des prêtres qui se trouvent dans les paroisses où il n’y en a pas assez.

Il n’est cependant pas interdit, si vous voulez aider un prêtre, de lui confier une somme plus élevée que l’honoraire ordinaire, qu’il portera au cours de la seule messe. Mais ce genre de geste doit être spontané pour éviter que le prêtre soit dans la tentation de spéculer sur les choses spirituelles.

Que faut-il entendre par offrandes de messe ?

Dès les débuts de l’histoire de la sainte messe, les fidèles catholiques ont voulu montrer leur participation à l’Eucharistie, soit par des offrandes en nature, soit par des offrandes en espèces. C’est pour eux, une manière de s’associer au sacrifice qui rend le Christ réellement présent au monde. De telles pratiques remarquons-le, sont encore courantes dans certaines églises de pays frontaliers du Burkina Faso. Les missionnaires n’ayant pas particulièrement éveillé l’attention des premiers catholiques au Burkina Faso, à une telle participation à l’offrande, sa pratique plutôt rare dans notre pays, se fait de façon spontanée lors des grands évènements dans certaines paroisses. Il semblerait que d’autres paroisses tendent à l’instaurer. Dans tous les cas, ce n’est pas une pratique prohibée par l’église catholique.

Toutefois, celle-ci demande que ces gestes de soutien à la paroisse et à ses prêtres ne détournent pas de l’esprit de l’offrande dans notre église. Le fidèle ne devra pas y voir une corvée, ou une obligation, qui l’installent dans une position de culpabilité lorsqu’il lui arrive de ne pas disposer de moyens pour accomplir cette démarche de foi. Les curés ont le devoir de veiller, de sorte à ce que ces moments de partage ne poussent pas le fidèle bien volontaire, mais matériellement dépourvu, à fuir les célébrations eucharistiques.

Selon le pape Paul VI, dans son motu proprio Firma in traditione de 1974 « l’usage des offrandes de messe, par lequel les fidèles s’associent plus étroitement au sacrifice du Christ et en tirent des fruits plus abondants, a été non seulement approuvé, mais encouragé par l’Église. Elle voit en lui comme un signe de l’union du baptisé avec le Christ, de l’union du fidèle avec le prêtre qui exerce son ministère pour le bien de celui-ci." Pour cette raison, le fidèle catholique qui fait cette offrande, devra se sentir le plus religieusement y astreint, car elle est aussi un moyen de participer à la subsistance du prêtre qui, en général, reçoit peu pour sa vie matérielle, laquelle ne repose que sur la contribution volontaire des fidèles. Par ces offrandes, les fidèles soutiennent les ministères des prêtres.

Deux formes possibles d’intention de messe

Outre l’intention de messe la plus simple avec son offrande propre, il existe également la neuvaine de messes. Celle-ci consiste à célébrer la messe durant 9 jours sans interruption pour une même intention. Le chiffre neuf est d’autant plus symbolique qu’il est la multiplication du chiffre trois représentant la perfection des Personnes divines. Ensuite, il y a le “trentain grégorien”. Celui-ci consiste à célébrer la messe durant 30 jours sans interruption pour une même intention. C’est un usage qui remonte à la fin du VIe siècle au temps du pape Grégoire le Grand. Le pape Benoît XIV, en 1752, la Congrégation pour les indulgences en 1884, puis un décret du 10 janvier 1889, ont fait l’éloge de cette pratique qualifiée de “pieuse, approuvée et raisonnable”. Si le trentain est constitué de trente messes célébrées sans interruption, il n’est pas nécessaire, toutefois, qu’elles soient célébrées par le même prêtre, en cas de maladie ou de décès par exemple.

Quand un prêtre reçoit une offrande de messe, peu importe le montant, il est tenu de remplir son obligation selon les normes de l’Eglise et les intentions de la personne qui fait l’offrande. Il ne peut pas refuser la messe à un indigent qui serait dans l’incapacité de donner le montant établi qui est de 2000 francs CFA, dans la conférence épiscopale du Burkina. Les fidèles retiendront qu’en matière d’offrande de messe, les prêtres sont tenus par obligation de bannir toute apparence de commerce ou de trafic. La célébration de la messe ne doit jamais devenir, ni même donner l’apparence d’un moyen pour le prêtre ou la paroisse de faire un profit. Ceci dit, la messe n’a pas de prix, et faire dire une messe, c’est investir dans le Royaume des Cieux.

Mais voici comment les choses se passent concrètement pour le clergé Burkinabè. Tous les prêtres y compris les évêques du Burkina Faso, ont droit quotidiennement l’équivalent d’un honoraire. Le train de vie de certains prêtres fait parfois d’eux, des hommes riches aux yeux de certains. La vie que certains d’entre eux mènent, frise parfois la mondanité, et conduit certaines mauvaises langues à maugréer sur la vraie destination des demandes de messe. Certains fidèles en effet, pensent que les offrandes ou honoraires de messe servent à acheter les voitures personnelles des prêtres. Et il existe bien des anecdotes à ce propos qui agrémentent le quotidien de beaucoup de catholiques. Erreur.

Lefaso.net



03/04/2014
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