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Sommet Etats-Unis/Afrique: Obama annonce 33 milliards d'investissements

mediaLa Maison blanche a accueilli ses hôtes africains et américains dans une immense tente marquise sur les pelouses de la résidence présidentielle.


Dernier jour du sommet Etats-Unis/Afrique, à Washington. Mardi, après le Forum des affaires, Barack Obama est venu annoncer 33 milliards de dollars d’engagements américains en Afrique. Le président s’est dit optimiste pour renouvellement de l’AGOA, l’accord de libre échange entre les Etats-Unis et l’Afrique. Avant la conférence de presse finale, ce soir, deux thèmes seront abordés ce mercredi par les chefs d’état et de gouvernements : comment mettre en valeur la nouvelle génération d’entrepreneurs et la paix et la sécurité régionale.

Soupe à la tomate, salade fermière, bœuf grillé plantin, gâteau au cappucino, et vins californiens, servis dans une immense tente marquise édifiée autour d’un arbre… La Première dame américaine était vêtue d’une robe couleur crème qui formait un « V » plongeant dans le dos. Lionel Richie pour la musique, le tout pour près de cinq cent convives. Les chefs d’Etat et leurs épouses, des ministres, tous ceux qui oeuvrent pour l’Afrique aux Etats-Unis, des patrons, mais aussi la chanteuse Angelique Kidjo ou encore Robert de Niro... On pensait ce dîner restreint aux chefs d’Etat, mais peut-être que Barack Obama a voulu montrer qu’ils ne sont pas les seuls à faire vibrer l’Afrique.

Concernant les affaires, plus tôt dans la journée Barack Obama a dit avoir recensé 33 milliards de dollars de promesses d’investissement pour le continent, secteurs public et privés confondus. Le président américain a assuré que son pays oeuvrait pour un partenariat « d’égal à égal » et sur le long terme. Dans une pique à peine voilée à son concurrent la Chine il a déclaré « nous ne voulons pas juste extraire vos ressources minérales pour notre propre croissance ».

33 milliards de dollars d’investissements publics et privés

L’enveloppe de 33 milliards de dollars d’engagements américains en Afrique annoncée mardi par Barack Obama consiste non pas en des subventions mais des investissements publics et privés sur des dossiers précis. Seuls 7 milliards sont débloqués par l’administration pour le développement des échanges commerciaux entre les Etats-Unis et l’Afrique.

Pour le reste, 14 milliards viennent du secteur privé : ce sont les nouveaux contrats en cours de signature dans des secteurs aussi divers que la banque et la construction.

Enfin 12 milliards concernent l’initiativePower Africa, dont l’objectif et d’améliorer rapidement l’approvisionnement électrique des foyers et des entreprises. Une somme investie par la Banque mondiale, le secteur privé américain, et le gouvernement suédois. Ce programmen, doté désormais de 26 milliards de dollars, doit permettre à 60 millions de foyers africains d’être raccordés.

La philosophie des Etats-Unis a été une nouvelle fois énoncée par Obama : les entreprises américaines profiteront autant que les Africains de ces investissements. C’est l’objectif, mais les Africains ordinaires vont-ils en profiter ? Le président tunisien Moncef Marzouki a émis des doutes.

L'AGOA, un accord de libre-échange inégalement profitable en Afrique

Parmi les autres annonces on retient également l'engagement de Barack Obama à travailler pour que l’accord de libre échange AGOA soit reconduit. Barack Obama souhaite voir voter par le Congrès le renouvellement de cet accord de libre échange sur le long terme, modernisé. Il reste une année pour y parvenir, et le président des Etats-Unis se dit persuadé que, sur ce sujet, démocrates et républicains vont trouver un accord, ce qui est extrêmement rare en cette période de campagne électorale.

Aujourd’hui en réalité, très peu de pays africains tirent profit de l’AGOA, et un nombre limité de produits sont concernés : il s’agit essentiellement des hydrocarbures. L’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Angola s’offrent la part du lion, et au total, tous les échanges entre les Etats-Unis et les 54 pays africains sont à peine équivalents au commerce entre l’Amérique et le Brésil. L’Afrique francophone apparait très loin. Tout est à faire, et sur ce point au moins, décideurs politiques et économiques sont sur la même longueur d’onde.

Ni gouvernance, ni droits de l'homme

 

Le président Obama et le jeune entrepreneur zimbabwéen Takunda Ralph Michael ChingonzoREUTERS/Jonathan Ernst

 

Le président américain n'a parlé ni de bonne gouvernance, ni de droits de l'homme. Sans doute n’a-t-il pas voulu gâcher le repas de mardi soir. Mais son secrétaire d’Etat John Kerry s’est chargé lui de rappeler que les Etats-Unis étaient en faveur de l’alternance au pouvoir et que la corruption des classes dirigeantes était le terreau des groupes extrémistes en Afrique.

Barack Obama avait dit à Accra en 2009 que « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais des institutions fortes ». Hier, après son allocution au Mandarin Hôtel, il est resté sur scène pour une conversation retransmise sur les écrans géants avec un jeune cadre africain, Takunda Chingonzo, un créateur de start-up zimbabwéen âgé de 21 ans. Pendant trente minutes, ils ont parlé de l’avenir du web, de la censure sur internet et des défis des jeunes pousses, tranquillement, devant les chefs d‘Etat et les grands patrons qui sont restés sagement assis.

Problème d'image et méconnaissance de la diversité du continent

Les chefs d’Etat et de gouvernement africains présents au sommet sont conscients de l’image souvent négative véhiculée par le continent. Une image qui n’est pas favorable aux investissements. Jakaya Kikwete, président de la Tanzanie, a blâmé la presse qui ne couvre « que les crises dans l’actualité du continent ». C’est de la faute des journalistes, mais ces derniers en ont l’habitude. Le président sénégalais, Macky Sall, et le tunisien Moncef Marzouki se sont, quant à eux un peu agacés de la méconnaissance de l’Afrique constatée chez leurs interlocuteurs américains du monde politique ou des affaires, rappelant que ce continent compte 54 pays, que chacun présente des caractéristiques très différentes. La crise actuelle en Libye ou l’épidémie de fièvre Ebola ne peuvent ternir l’image de tout un continent.

RFI



06/08/2014
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