Politique nationale : Le Président du Faso invite au dialogue
Le Président du Faso, Blaise Compaoré, a reçu successivement en audience, la Majorité, l’Opposition et le Front républicain, le mardi 23 septembre 2014 au palais présidentiel, à Ouagadougou. Au menu des échanges : les bases d’un nouveau dialogue entre les acteurs politiques en vue d’une sortie de crise politique apaisée au Burkina Faso.
Une fourmilière de journalistes a pris d’assaut ce mardi 23 septembre 2014 le palais présidentiel à Ouagadougou. La salle de presse, située au 3e étage de l’immeuble, s’est révélée exigüe. Contrainte, la direction de la communication de la Présidence du Faso a dû inviter les hommes de médias à regagner le hall du palais pour les besoins d’entretiens avec les invités du jour. Les raisons de ce branle-bas à Kosyam : le chef de l’Etat reçoit les acteurs politiques de la Majorité, de l’Opposition et du Front républicain. La curiosité des journalistes n’a pas tardé à trouver satisfaction: «Nous avons été invités à prendre part à un cadre de concertation», a confié Assimi Kouanda, le secrétaire exécutif national du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), porte-parole de la majorité politique, dont la délégation a été reçue une quarantaine de minutes plus tôt par Blaise Compaoré. M. Kouanda a salué l’idée de concertation parce que, a-t-il expliqué, la majorité a toujours été disponible, ouverte au dialogue. «Nous nous sommes toujours montrés déterminés à soutenir toute proposition ou initiative qui viendrait renforcer la stabilité, le dialogue et la paix au Burkina Faso», a-t-il renchéri. Qui sera l’arbitre ? a demandé un journaliste. «Nous allons nous auto-arbitrer», a répondu Amadou Diemdioda Dicko, président de la Convention des forces démocratiques du Burkina Faso et membre de la majorité, après un long sourire.
Vers «un dialogue des braves»
A son avis, il faut que les acteurs politiques se parlent pour tirer des conclusions pertinentes dans le cadre de la promotion de la cohésion. «Il faut concilier les positions. C’est le rôle d’un chef de famille d’inviter les fils à s’asseoir ensemble pour dialoguer», a-t-il insisté.
Pendant que la Majorité prenait langue avec la presse, la délégation de l’Opposition, composée de Zéphirin Diabré, Roch Marc Christian Kaboré, Me Bénéwendé Sankara, Ablassé Ouédraogo, Arba Diallo et Amadou Touré a fait son entrée au palais présidentiel. Après près d’une trentaine de minutes d’échanges avec Blaise Compaoré, leur chef de file, Zéphirin Diabré, a également confirmé l’invitation du dialogue à eux faite par le chef de l’Etat. «Au cours de l’entretien, a indiqué M. Diabré, le chef de l’Etat nous a proposé un dialogue entre l’opposition politique et la majorité pour évoquer des questions politiques relatives à la nation». Zephirin Diabré a affirmé la disponibilité de l’Opposition au dialogue qui s’inscrit, selon lui, dans l’intérêt général. Toutefois, il a laissé entendre que les positions de l’Opposition n’ont pas varié d’un iota sur la modification de la Constitution et la mise en place d’un Sénat. La présence de Me Bénéwendé Stanislas Sankara qui a déjà refusé, de par le passé, d’autres cadres de dialogue, a retenu l’attention d’un journaliste. Mais le président de l’Union pour la renaissance / Mouvement sankariste (UNIR/MS) s’est défendu : «Ma présence s’inscrit dans le cadre du Chef de file de l’Opposition politique. Nous ne sommes pas venus pour une visite de courtoisie. Nous sommes venus pour défendre la démocratie», s’est-t-il justifié. Dernier à être reçu, le Front républicain a vu en ce dialogue un triomphe : «C’est une victoire pour le Front républicain. C’est aussi une victoire pour les autorités coutumières et religieuses qui nous ont demandé de privilégier le dialogue», s’est exclamé Hermann Yaméogo, co-président dudit regroupement politique. Pour lui, le dialogue voulu par le chef de l’Etat est la résultante de l’appel de leur organisation, lancé à Gaoua. «C’est grâce au dialogue pratiqué par le président du Faso, que nous avons connu cette période longue de stabilité», a déclaré le président de l’Union nationale pour la démocratie et le changement(UNDD). «Nous sommes sur la voie de conclure un dialogue des braves», s’est-il réjoui. Pour lui, il est absolument antinomique et incompréhensible d’accepter le principe d’un dialogue et d’être campé sur des positions. «Ce serait un dialogue de sourds», a-t-il dit. Néanmoins, il a précisé plus tard que «rien ne peut être au-dessus du peuple souverain».
Un pas de franchi vers le dialogue
La rencontre tant attendue entre le président du Faso, Blaise Compaoré, et les principales tendances de la classe politique burkinabè a eu lieu. Et les premières impressions augurent des lendemains meilleurs. Celui-là même à qui certains demandent à cor et à cri de rester, et d’autres, de partir, vient de montrer qu’il est au-dessus des débats passionnés. Le président Compaoré, en demandant aux protagonistes l’instauration d’un cadre de concertation, n’a pas failli à sa réputation d’homme de dialogue. De ce pas, l’on peut affirmer que ce premier round est déjà un grand pas de franchi vers le dialogue. En effet, l’opposition, la majorité et le Front républicain, ont tous affiché une disposition à s’asseoir autour d’une table pour discuter de comment trancher le nœud gordien. Pour la suite, il va falloir y aller avec un esprit de construction de notre chère Faso. Les prétextes fallacieux pour se dérober du processus doivent être bannis de part et d’autre. L’urgence, si ce n’est pas encore fait, c’est de trouver un contenu consensuel, sans complaisance, aux pourparlers en perspective. Parce que le démon congénital d’un dialogue peut résider dans ses objectifs peu clairs ou mal compris des parties. Dans cet exercice préalable, mais déterminant, il est bon de savoir doser savamment la franchise et l’ouverture, sans tomber dans la surenchère. C’est l’inobservance de ces pré-requis qui a, sans doute, contribué à tuer précocement les initiatives précédentes de dialogue, principalement celle du président Jean-Baptiste Ouédraogo. A ce niveau, tout comme dans les conciliabules proprement dits, nous l’espérons, les camps devront s’affronter, non pas en ennemis, mais en fils et filles d’une même nation. Des mots durs ont, peut-être, été dits les uns contre les autres à travers les médias, il y a eu des démissions et des «come-back», en somme, des discours ou actes à même d’encourager des ressentiments. Seulement là, il ne s’agit pas d’individus, de frustrations personnelles. Ce n’est pas non plus l’occasion rêvée par des politiques en quête de publicité de chercher, coûte que coûte, à gripper la machine, dans le seul but souterrain de se faire une nouvelle jeunesse aux yeux de l’opinion. Il est évident que les pressions, venant d’extrémistes pseudo-bases, vont tronquer la lucidité politique de certains protagonistes. Toutefois, nul ne devrait perdre de vue que c’est la paix, l’avenir du Burkina Faso qui est en jeu. Le seul compromis qui vaille en pareille circonstance, est celle qui va assurer au pays ses acquis et le propulser vers le développement durable. En tous les cas, le peuple burkinabè veille au grain et saura distinguer ceux qui travaillent pour lui de ceux qui rament pour leur gosier.
Sidwaya
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