Son Excellence monsieur Gilles THIBAULT, ambassadeur de la France, le pays qui a enregistré le plus grand nombre de victimes, au premier rang, a pris part à cette célébration eucharistique. « Nous croyons qu’ils dorment dans le Seigneur qui a vaincu la mort » déclare le curé de la cathédrale accueillant l’assemblée, avant d’ajouter, « nous sommes venus prier afin que le Seigneur soit la consolation de tous, et spécialement des parents des victimes ».
La forêt de bougies allumées au pied de l’autel en rajoute à l’’émotion déjà palpable et pesante sur l’assemblée. Le président de la célébration, Mgr DER Raphaël DABIRÉ, évêque de Diébougou dont un prêtre a péri dans le crash, a invité l’assemblée à ouvrir cette intersession au bénéfice de toutes les victimes d’accident de par le monde. « Seul le silence peut donner une réponse valable aux multiples questions qui foisonnent dans nos esprits » déclare-t-il, à l’entame de son homélie.
Selon Mgr Dabiré, « il faut en pareille circonstance, savoir parler sans enfoncer le glaive dans la plaie, car dans ce crash, bien des familles ont été dévastées et des projets anéantis ». L’atmosphère est lourde, difficile de fixer du regard les membres des familles des victimes assis sur les premiers bancs de l’Eglise.
Le discours n’est pas aisé et Mgr Raphaël, d’avoir recours à la figure de Job pour proposer une méditation qui apaise, mais « qui ne saura jamais dit-il, donner réponse à tous ces questionnements parfois synonymes de révolte ». Job c’est cet homme comblé qui perd subitement et en un seul jour tout ce qu’il possède, mais qui n’a qu’une parole : « Je suis sorti tout nu du ventre de la terre, tout nu je vais y retourner, le Seigneur a donné, le Seigneur a repris, que son Nom soit béni ». Malgré le désarroi total qui l’accable, Job ne dit rien d’inconvenant envers Dieu. Toute chose qui fait dire au prédicateur que, « chacun de nous est un Job, les familles touchées par cet accident d’avion sont Job, les pays touchés par cette catastrophe sont Job ». Et de poursuivre, « les victimes que nous pleurons sont de la même nationalité, celle humaine ».
Mgr Der Raphael dans une pédagogie qui console sans dorloter, prévient les personnes dans la douleur de la perte des leurs. « La souffrance dit-il, peut conduire au rejet de Dieu où à l’indifférence. Mais souvenez-vous qu’aux arguments de son entourage, Job n’a pas trouvé de réponse humaine ». Ses réponses comme les nôtres sont souvent le reflet du Dieu que nous imaginons. Nous désirons que Dieu fasse ce que nous voulons, oubliant que le Dieu qui nous est révélé, est folie et scandale, un Dieu qui compose avec la croix et donc souvent insaisissable. Seul Celui qui est la Vérité, le Chemin et la Vie nous le révèle.
« Ces chairs qu’on ne pourra pas reconstituer, parce que tout l’avion est parti en mille morceaux, le chrétien dans son entêtement confesse qu’elles ressusciteront » argue le prédicateur, avant d’inviter l’assemblée « à vivre dans l’entêtement de la foi », « à demander la sagesse de la confiance en Dieu, ce Dieu qui nous aime malgré tout ». Cette foi entêtée est celle de Marie qui peut aider tout croyant dans la douleur à répondre à la question que le Christ avait posée à ses discipline : « Et vous, allez-vous vous aussi me quitter ? »
Abbé Joseph Kinda