Région du Centre-Nord

Il est difficile de déterminer de manière précise la nuit du destin. Il est certes vrai que certains hadiths la situent entre les nuits impaires ou encore la 27e nuit, mais cela reste vraiment vague. En effet, Al-Boukhari a rapporté dans son recueil de hadiths authentiques, d'après Oubaadah ibn As-Saamit qui a dit : « Le messager d'Allah (PSL) sortit pour nous parler de la nuit du destin, et deux hommes parmi les musulmans s'affrontèrent. Il (PSL) dit alors : «Je suis sorti pour vous parler de la nuit du destin (pour vous annoncer le jour de la nuit du destin), alors untel et untel s'affrontèrent, et elle fut élevée [relevée], donc, il se peut que ce soit mieux pour vous ainsi, recherchez-la donc durant la neuvième, la septième et la cinquième nuit», (c'est-à-dire la nuit avant le vingt-cinquième jour, le vingt-septième jour et le vingt-neuvième jour). Dans un autre récit le Messager de Dieu a dit : «Cherchez la nuit du destin parmi les nuits impaires de la dernière décade du mois de Ramadan».

En somme, ce dont on peut être sur, c'est que cette nuit se trouve dans la dernière décade du mois, par conséquent, c'est mettre les chances de notre côté que de la rechercher durant toute cette période, car la récompense dévolue à cela en vaut la peine. N'est-il pas rapporté d'Abû Hurayrah (ra) que le prophète (PSL) a dit : «Quiconque reste debout à prier « Laylat al-Qadr » avec foi et espoir de récompense divine, ses péchés antérieurs lui seront pardonnés». Dieu nous dit que c'est une nuit bénie : «Durant laquelle est décidé tout ordre sage», Sourate 44 verset 4.

Parmi les actes spirituels qu'il est conseillé de faire durant cette période, il y a notamment la veillée pieuse. Aïsha (ra) a rapporté que : «Quand les dix derniers jours de Ramadân arrivaient, le prophète (PSL) veillait la nuit et réveillait sa famille, et il s'abstenait de toutes relations [sexuelles]». La tradition prophétique durant la dernière décade du mois de Ramadan est de passer les nuits en prière et dans l'évocation d'Allah, Exalté soit-Il, et de ne pas avoir de rapports sexuels. La sagesse qui sous-tend cet effort au cours de ces dix nuits est de rechercher la nuit du destin. Et cela est une miséricorde d'Allah, exalté soit-il, envers ses serviteurs que de l'avoir spécifiée dans ces dernières nuits, car sinon ils éprouveraient de grandes difficultés à la rechercher, et la plupart des gens ne la trouveraient pas. Il faut également multiplier les invocations. Aïsha (ra) a dit: «J'ai dit : Ô Messager d'Allah, si je savais qu'elle était la nuit de «Laylat al-Qadr», que devrais-je dire en cette nuit ? Et le prophète de répondre : dis : «Allâhumma Innaka 'afou-oun tuhibou al-'afwa fâ'fou 'ana» «Ô Allah, Tu es celui qui pardonne, et Tu aimes le pardon, aussi pardonne-moi».

Dans l'optique de pouvoir bien pratiquer cette viellée, il est bon d'éviter les repas lourds et de dormir tôt. Il faut également faire la sieste dans la journée car, cela permet au corps, de récupérer. Ishaq ibn 'Abdoullah a dit : «La sieste relève des bonnes choses. Car elle renforce le cœur et donne la force nécessaire pour bien pratiquer les prières nocturnes».

Le prophète avait l'habitude de faire une retraite spirituelle (l'Irtikâf) pendant les dix derniers jours. Le sens profond de l'Irtikâf est de chercher à détacher son cœur et son esprit de toute autre préoccupation que Dieu et d'orienter continuellement tout son être vers la recherche de la proximité avec le Tout- Puissant. Il s'agira donc, de s'extirper l'environnement physique, visuel, sonore, qui sans cesse, assaille notre être intérieur et nos sens, et nous empêche de penser à l'essentiel, c'est-à-dire notre relation avec Allah, car, la retraite spirituelle rapproche l'homme de son Seigneur. D'après Aïsha (ra), le prophète avait l'habitude d'effectuer cette retraite au cours des dix derniers jours du Ramadan. Après sa mort, ses femmes ont perpétué cette pratique (Boukhari et Mouslim). Il n'est cependant pas obligatoire de faire l'entièreté des dix jours, chacun peut séjourner dans la fonction en fonction de sa disponibilité. Cheikh Ibn Baz a dit : «L'itikaaf (retraite pieuse) consiste à séjourner dans une mosquée en signe d'obéissance à Allah le Très Haut. Peu importe que la durée (du séjour) soit longue ou courte, puisque rien n'a été rapporté à notre connaissance qui limite le séjour à un jour ou deux ou plus».

Pendant cette dernière décade, il y a également le prélèvement de la zakat El fitr(NDLR : Nous y reviendrons dans notre prochaine parution).

En somme, pour profiter de cette dernière phase, il est nécessaire pour le musulman de s'appliquer dans l'accomplissement des œuvres cultuelles en respectant les horaires et conditions assignées à cet effet. Il faut également être assidus aux prières nocturnes, l'aumône, les actes de bienfaisance et également s'entourer de personnes susceptibles de nous aider à bien gérer cette période précieuse car, ce que l'on doit se dire : «C'est qu'il se peut que cela soit notre dernier Ramadan». Que Dieu nous aide à tirer le maximum de bénédiction et qu'Il nous donne une longévité dans le respect de ses commandements.

Abdel Aziz NABALOUM &

AEEMB-CERFI