La femme pondeuse
La population burkinabè a été estimée à 16 millions d’âmes en 2010. Dix ans plus tôt, elle était de 11 millions 700 mille. C’est dire qu’en dix ans, nous avons augmenté de près de 5 millions. Sur les 16 millions, 43%, soit 7 millions de Burkinabè, vivent en-dessous du seuil de la pauvreté, c’est-à-dire qu’ils n’ont même pas un dollar par jour, si l’on considère que le cours du dollar vascille entre 450 et 500 F CFA. Si l’on s’en tient aux chiffres, la population burkinabè s’est accrue de presque 2 millions par rapport aux dix dernières années. La ville de Ouagadougou par exemple, est passée de 500 mille habitants en 1990 à environ 2 millions en 2010.
Au Burkina Faso, une femme a en moyenne six naissances. Le revenu national brut est d’environ 1200 dollars par personne, soit près de 560 mille F CFA par an et par Burkinabè mais quel Burkinabè ? Quand on sait que deux Burkinabè sur cinq vivent sous le seuil de la pauvreté, il n’y a pas à rougir. Notre population gonfle de façon presqu’exponentielle, pendant que l’essentiel des ressources reste aléatoire.
Il n’est de richesses que d’hommes, mais lorsque le potentiel humain n’est pas proportionnel aux ressources disponibles, l’effet de raréfaction crée des frustrations et la persistance du statu quo peut conduire à l’implosion. La question démographique est aujourd’hui une préoccupation qui mérite d’être pensée à la base par les populations et soutenue par les autorités. Nous devons penser notre développement et faire en sorte que la forte natalité ne soit pas une porte vers la fatalité. Dans un monde de plus en plus en proie à la conjoncture, rêver d’une progéniture en cascade, c’est sacrifier une génération de bâtisseurs, c’est compromettre même l’avenir de la nation.
De nos jours, malgré la vie chère, d’audacieux chefs de famille continuent de faire tourner la machine à procréer avec une production en série destinée à être déversée dans les rues et à téter au biberon, des amphétamines pour croître dans la douleur entre les couloirs suicidaires de la délinquance. De nos jours, malgré les efforts en matière de planification familiale, il y a des maris qui ont fait le pari de dresser un peloton de rejetons même sans jeton. Lorsque vous voyez la femme pondeuse de l’inconscient, vous lui donnerez la cinquantaine, pourtant la pauvre mignonne n’a que 26 ans. 26 ans gâchés et usés sous le poids d’une virilité agitée, désordonnée et mal gérée.
Pauvre mâle en chaleur, où est ta valeur quand la benjamine de ton bataillon n’a que huit mois et est obligée de pomper les mamelles flasques de sa mère enceinte de deux mois pour espérer quelques gouttes de lait nécessaire pour sa normale croissance hypothétique ?
Aujourd’hui, certaines femmes ont compris et contournent le robuste macho pour se faire planter des mines anti-bébés et souffler un coup. Il y a ceux qui, sous le couvert d’une religion quelconque, restent convaincus que c’est Dieu le miséricordieux qui donne les enfants et qu’on ne doit bouder une telle richesse. Parler d’espacement de naissance avec eux, c’est presqu’un blasphème, sinon une hérésie. Mais nul n’est contre les naissances des enfants. Nous estimons seulement qu’une reproduction bien pensée et planifiée est gage d’épanouissement pour la mère et l’enfant, pour la famille, et qu’un essaim de bambins aléatoirement procrées et sans ration est source d’ennuis.
En attendant que la nuit porte conseil, sachez que les enfants sont une richesse, lorsqu’ils ont le minimum pour vivre et non pour survivre. Si le lit du pauvre est fécond, c’est qu’il sème au hasard pour récolter du bazar.
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