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Grossesses non désirées dans le Sanmatenga : les clubs scolaires pour freiner le phénomène

Des clubs scolaires ont été créés dans des collèges et lycées de Sanmatenga, chef-lieu Kaya, pour sensibiliser les élèves à la Santé sexuelle et reproductive (SSR) afin d’éviter les grossesses non désirées.  En fin mars 2016, Sidwaya est allé à la découverte de cette initiative  du Réseau africain jeunesse et santé (RAJS).
Le phénomène des grossesses non désirées  en milieu scolaire est réel dans la province de Sanmatenga. Il est  même récurrent et alarmant, selon  le directeur du lycée privé Kolo-Kom, Sangaré Brahima.  Son ancien établissement,  Ansardine pour le développement de Kaya  (ADK),  a remporté la palme d’or en 2015 avec 24 cas. 
Cette année, le coordonnateur du centre jeune du  Réseau africain jeunesse et santé (RAJS)  de Kaya, Timothée Sawadogo explique, tout en taisant le nom de l’établissement incriminé,  qu’au premier trimestre de 2016,  un lycée de Kaya  enregistrait  déjà  11 cas de grossesses non désirées. 
Moussa Sawadogo, animateur au RAJS pendant cinq ans, connaît bien ce phénomène de grossesse non désirée en milieu scolaire. Il mène des activités  d’animation avec les élèves sur tous les sujets qui touchent la santé sexuelle et reproductive. Pour lui, les grossesses non désirées en milieu scolaire  sont très fréquentes à Kaya. «Je me suis engagé sur les questions de la santé sexuelle et reproductive parce que je pense que c’est un manque de communication  qui fait qu’on enregistre toujours des cas  de grossesses non désirées», a-t-il justifié.
Quant au directeur, Brahima Sangaré, pour avoir vu plusieurs cas, lui aussi,  ne comprend pas pourquoi le phénomène a la peau dure. «Normalement, cela ne devait plus arriver, vu l’existence des méthodes de contraception modernes  et l’intensité de la sensibilisation dans les établissements. Souvent, je me demande même si ce n’est pas sciemment fait», se pose-t-il la question. Dans  l’établissement qu’il dirige. Une fille très intelligente de la classe de Terminale A, l’espoir de sa famille, est tombée enceinte malgré elle. Le père, raconte-t-il, l’a chassée  de chez lui et l’auteur de la grossesse n’a même pas été en mesure d’honorer les frais de scolarité de la fille. C’est finalement  le frère  de cette dernière qui s’est acquitté des frais afin de la maintenir à l’école.
«J’ai appelé la fille pour lui demander comment cela est arrivé. Elle a répondu que sincèrement, elle ne sait pas. A cause de la grossesse, le papa l’a chassée de chez lui. Et la fille ne partait plus à l’école. Mais grâce à notre intervention, elle a repris le chemin de l’école. Il est inconcevable qu’à l’heure actuelle avec  la multitude des méthodes de contraception disponibles, que de grandes filles continuent de piquer des grossesses non désirées», regrette M. Sangaré.
Dans le souci de lutter contre ce phénomène de grossesse non désirée, des clubs ont été créés dans les établissements scolaires de la province du Sanmatenga.
Un club est  constitué de 20 élèves dont  deux pairs-éducateurs formés à la santé sexuelle et reproductive. Ce groupe est  sous la supervision d’un encadreur, un professeur de l’établissement. 
Dix clubs sont actuellement fontionnels dans la ville de Kaya et aussi dans les communes rurales de Boussouma,  Pibaoré et Pissila. «Nous avons commencé en 2003 avec 30 grains de thé. Nos animateurs faisaient le tour de ces grains pour les sensibiliser. Dans les établissements, c’était  difficile de passer dans les classes. Voilà pourquoi nous avons eu l’idée de créer des clubs», explique M. Sawadogo.
Actuellement, la province du Sanmatenga compte 10 clubs répartis dans 10 établissements avec 16 animateurs issus de 8 associations-membres du RAJS. Un club est encadré par un professeur. «Nous ne couvrons pas tous les établissements et cela constitue un handicap. Cette année, avec nos partenaires, nous allons ajouter 10 autres établissements», a indiqué Timothée Sawadogo.
Les activités des clubs sont des causeries éducatives, des projections de films, des visites à domicile. Les pairs éducateurs orientent les jeunes vers les formations sanitaires  et le centre d’écoute pour jeunes. Ce travail  a permis d’augmenter la fréquentation des centres de santé par les jeunes. 
«Au départ, les jeunes ne fréquentaient pas  les centres de santé pour des questions de santé sexuelle et reproductive.  Ce comportement commence a changé. A partir des fiches de référence et de contre-référence,  nous avons constaté qu’il y a de nouvelles utilisatrices des méthodes de contraception au sein des jeunes», s’est réjoui le coordonnateur du centre d’écoute du RAJS /Kaya. 
Cependant, il souligne que les jeunes  ont une préférence pour  le centre d’écoute pour jeunes plutôt que les Centres de santé et de promotion sociale (CSPS).  Malheureusement à leur niveau, ils  ne disposent pas de matériel adéquat pour les consultations. 
Des pourparlers sont en cours  avec le district sanitaire de Kaya pour faire fonctionner correctement le centre.
Qu’à cela ne tienne, les pairs éducateurs, à l’image de Issouf Ouédraogo en classe de terminale D, jouent leur rôle de sensibilisation depuis 2014. 
«Il y a des élèves qui viennent vers nous pour se renseigner sur les méthodes de contraception.  Nous profitons  aussi des journées culturelles pour faire des projections de films et des théâtres de sensibilisation sur les grossesses non désirées et les IST. Nous invitons les  élèves, surtout les plus jeunes, à s’abstenir des rapports sexuels ; ceux qui ne peuvent s’en passer, qu’ils se protègent», conseille-t-il.

Sidwaya



05/04/2016
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