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Grossesses en milieu scolaire : Le drame de ZANGRE Marie Pengdwendé

Quelle éducation sexuelle faut-il donner à l’école ? Personnellement, à cette question je n’ai aucune réponse. Chaque fois quand l’occasion m’est offerte d’échanger avec une fille, je me fais le devoir et sans détour et pudeur d’aborder cette question épineuse de l’éducation sexuelle qui fait des victimes à l’école. A moins de deux ans, six filles (élèves et employées) avec qui j’ai déjà abordé cette question ont été victimes de grossesse. Deux ont accouché, une a avorté et les trois autres portent actuellement leur grossesse.

A toutes les occasions, je leur ai donné ce que je sais en matière d’éducation sexuelle (abstinence ou à défaut protection), mais peine perdue. Je ne sais plus quel langage tenir envers une fille pour éviter de telles situations malencontreuses. Le dernier cas m’a choqué et j’ai failli couler des larmes. Une fierté, un grand espoir vient de s’anéantir et ce choc m’a fait perdre sommeil et appétit. Prenez le temps de me lire et de m’apporter votre soutien.

A la rentrée scolaire 2011-2012, j’ai constaté l’absence d’une fille qui devrait redoubler la classe de 5ème avec 9 de moyenne (14 de moyenne au premier trimestre, 13 au deuxième et abandon au troisième trimestre). Si elle n’avait pas abandonné au 3ème trimestre, même avec 3 de moyenne elle pouvait passer en classe supérieure.

J’ai donc cherché à connaître les parents pour mieux comprendre la situation, la vraie raison de l’abandon de cette fille assez intelligente. C’est après des enquêtes que j’ai compris que la situation financière des parents ne leur permettait pas d’assurer la scolarité de l’enfant. Pour être plus clair, puisque j’étais l’intendant dudit lycée, au 3ème trimestre, il est dit aux élèves non à jour de leur scolarité d’aller appeler les parents. Et c’est de là que le père a retenu sa fille à la maison dans l’impossibilité de pouvoir honorer les frais qui, à l’époque était de 11 500F.

Ayant pris le problème en main, j’ai fait appel au parent et je me suis engagé de payer ses frais et fournitures pour qu’elle reprenne la classe de 5ème. La même année j’ai reçu une note de nomination dans un autre établissement. La fille s’est en sortie en fin d’année avec 14 de moyenne.

A sa 4ème, j’ai envoyé sa scolarité et les fournitures au complet. Le résultat était satisfaisant ; elle va en 3ème avec près de 14 de moyenne. Cette année, à sa 3ème, la promesse s’est poursuivie jusqu’aux frais de dossiers et souvent de l’argent pour ses petits besoins. A chaque fois quand j’échange avec elle au téléphone, ma seule chanson est ‘’ méfie-toi des garçons ‘’. Au premier jour de la rentrée de 3ème trimestre, quand je partais au lycée, mon portable sonne et de l’autre côté du bout du fil, retenti la voix du père de ZANGRE Marie Pengdwendé, puisque c’est d’elle qu’il s’agit. Après les salutations d’usage, il a eu de la peine à me dire l’objet de son appel matinal. C’est finalement dans l’angoisse qu’il a laissé entendre que ma protégée est enceinte. Voilà la récompense à laquelle je ne m’attendais pas. Et conformément à la tradition en pays mossi, la fille est très vite mise dehors et confiée à une tante.

Les statistiques de grossesses en milieu scolaire sont assez inquiétantes et des solutions doivent être impérativement trouvées. Ce sont les filles issues malheureusement des familles démunies qui sont victimes de ces violences sexuelles. Elles quittent les parents pour les milieux urbains ou semi-urbains dépourvues souvent du minimum vital. La question du matérialisme les pousse à ce sale métier de prostitution. Un soutien particulier doit être apporté à cette tranche scolarisée pour leur permettre de poursuivre leur scolarité dans de meilleures conditions de travail.

KABORE Karim
Intendant au Lycée Départemental de Poura-Mine
abdoulkaka@yahoo.fr



06/04/2014
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