FRAUDES AUX CONCOURS DE LA FONCTION PUBLIQUE: 1 500 000 F CFA pour acheter son admission à la Douane
Un enseignant licencié en 2009 pour fraude, reconverti en chef d’une bande de fraudeurs « intelligents » au concours de la Fonction publique, a été arrêté en début de mois, par la gendarmerie de Bobo-Dioulasso. Il a été présenté à la presse, le mercredi 26 juin 2013. Le faussaire présumé et ses acolytes, spécialisés dans la falsification à grande échelle et la délivrance de faux documents, parvenaient à faire composer de vrais-faux candidats intelligents à la place de leurs clients, en quête d’emploi. L’affaire a été présentée par la gendarmerie comme « une action d’éclat » des bérets bleus de la ville de Sya. C’est en mai dernier, qu’un citoyen a alerté la gendarmerie de Bobo-Dioulasso qu’un « individu du nom de Diarra, pilotait un réseau d’escrocs qui spoliait les candidats au concours de la Fonction publique ». Une information confirmée par le Centre national de veille et d’alerte. Le centre a vite orienté les limiers de la brigade de recherche de la gendarmerie sur la piste féconde de B. Diarra. Instituteur licencié en 2009, justement pour fraude, il réside au secteur n°15 de la ville, mais opérait dans une villa lui servant d’atelier, au secteur n°17. Selon le commandant de la compagnie de gendarmerie, Adama Sawadogo, des perquisitions dans son atelier ont permis de découvrir 88 photocopies sur le point d’être légalisées, de fausses cartes nationales d’identité (CNIB), 54 diplômes et attestations provisoires de succès vierges, prêts a être remplis, 49 faux diplômes du BEPC déjà remplis et un tableau de démonstration. Sur la base de ces découvertes, le sieur Diarra a été mis aux arrêts. Mais c’est le mode opératoire en deux étapes des délinquants présumés qui a épaté les enquêteurs. Le commandant Adama Sawadogo a expliqué que pour leurs clients-candidats qui veulent être admis à un concours avec un diplôme authentique, ils déboursent entre 400 000 et 1 500 000 F CFA, selon le type de concours. Le sieur Diarra et sa bande se chargent du reste : recruter un candidat intelligent de substitution parfois de la Côte d’Ivoire, établir une fausse CNIB avec la photo du candidat fictif et l’identité du vrai candidat. Les concours des Finances sont plus chers : 800 000 F CFA pour l’ENAREF et 1 500 000 F CFA pour la douane. Il ne reste plus au candidat fictif logé, nourri et rémunéré conséquemment, que d’aller composer à la place du vrai candidat. En cas d’échec, le remboursement des sommes reçues sont promises aux clients-candidats. Le second mode opératoire concerne les candidats qui n’ont même pas le diplôme requis pour postuler aux concours convoités. A ceux-là, de faux diplômes sont d’abord confectionnés pour la somme de 50 000 à 150 000 F CFA. A ce jour, environs 6 millions de F CFA ont été extorqués par la bande à Diarra sur la base des victimes déjà entendues. Les investigations se poursuivent de l’avis du commandant de la compagnie de gendarmerie, pour démanteler le réseau qui a des ramifications jusqu’au Ghana voisin. Présent à la conférence de presse, le directeur régional de la Fonction publique, Idrissa Sinon, a félicité les forces de l’ordre pour le travail qui a abouti à l’arrestation du cerveau de la fraude aux concours. Il a rappelé que ces pratiques frauduleuses portent atteinte au principe d’égal accès à la Fonction publique et qu’au-delà des sanctions pénales, les personnes convaincues de fraudes risquent une suspension de 5 à 6 ans d’interdiction de tout concours de la Fonction publique.
Mahamadi TIEGNA
Source: Sidwaya Quotidien
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