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TEMPS DE CARÊME : La signification religieuse des faits

Il n’est pas rare aujourd’hui que des chrétiens, surtout en Occident déchristianisé, considèrent comme périmée la notion même de miracle, et qu’à l’inverse, d’autres dans les zones de ferveur chrétienne en croissance, se montrent friands jusqu’aux "fausses merveilles". Ces excès opposés ont une source commune, alimentée par des raisons diverses longtemps restées en vigueur : dans les miracles, on ne voyait qu’un défi lancé aux lois de la nature, oubliant leur rôle de « signes » adaptés à l’intelligence de tous. Pour mieux comprendre cette notion de miracle dans l’Eglise catholique, nous avons sollicité l’appui de l’Abbé Thierry Gampéné, qui nous livre sa réflexion.

La Bible, elle, reconnaît partout la main de Dieu qui manifeste aux siens, sa puissance et son amour. Ici, on est bien loin du panthéisme. L’univers créé avec un ordre fixe, est une grande « merveille » dit le Psaume 89, verset 6 et un « signe » (Ps 65, 9), tout comme les interventions inhabituelles de Dieu dans l’histoire des hommes ; et celles-ci à leur tour, sont considérées comme des créations renouvelées même si l’historien d’aujourd’hui les estime ordinaires et explicables.

Ignorant les distinctions modernes entre actions « providentielles », causes naturelles exceptionnellement convergentes, action divine et jeu des agents naturels, la Bible concentre le regard du croyant sur l’élément essentiel : la signification religieuse des faits. Ainsi aux yeux de la foi, un Saint Augustin reconnaîtrait aussi bien dans la levée d’une moisson que dans la multiplication des pains, la marque de l’amour débordant de Dieu et du pouvoir divin. Et dans cette perspective, pour mieux goûter à la signification du miracle, les détails sont appelés à laisser toute la place à l’ensemble. Les miracles ont toujours été de tout temps et de tout lieu. Et l’Ancien Testament nous renseigne. Mis à part le merveilleux fictif de certains livres, les miracles n’apparaissent nombreux qu’à deux moments capitaux de l’histoire sainte : avec Moïse et son successeur Josué, lors de la fondation, et de l’installation du peuple de Dieu ; avec le grand prophète Elie et son disciple Elisée, les restaurateurs de l’alliance mosaïque. Le miracle est un signe divin et son effet est efficace. L’Ancien Testament montre dans les miracles des révélations de Dieu et des signes efficaces de son salut. Les termes qui le désignent indiquent cette fonction : ce sont des « signes » en hébreux otot, en grec sèmeia, ce qui veut dire, signes et prodiges symboliques. Parmi tous les signes, les miracles se distinguent par leur efficacité et leur caractère extraordinaire. D’une part, ils réalisent habituellement ce qu’ils signifient : tel est le cas avec Moïse, où l’accumulation des prodiges sera la motivation pour la libération du peuple de Dieu. D’autre part, ces œuvres, malgré ce qu’elles peuvent comporter de faits naturels, dépassent le plus souvent, ce que l’homme a coutume de voir dans l’univers. Ainsi, le miracle devient le signe particulièrement révélateur de la puissance de Dieu ; on l’appelle « exploit », un « haut fait », une « grande chose », une « chose redoutable », et surtout une merveille. Ce dernier vocable désigne des réalisations impossibles à l’homme, mais accessibles à Dieu seul, qui par elles, manifeste sa gloire, reflet de sa sainteté, c’est-à-dire, de sa transcendance. Mais, il est à noter que la puissance divine n’écrase pas. Et si elle écrasait, ce serait les pécheurs. Pour le peuple des promesses, ces merveilles sont bénéfiques, même lorsqu’elles éprouvent et humilient, car Dieu est amour en toutes ses œuvres. Finalement, c’est de l’amour de Dieu que les miracles dans l’Ancien Testament sont les signes efficaces et les dons gratuits. Jésus seul révèlera pleinement l’universalité de cet amour-sauveur. On ne peut donc pas dissocier la foi du miracle car, au-delà de l’étonnement qu’ils suscitent, les miracles visent à provoquer et confirmer la foi. Ils endurcissent ceux qui comme Pharaon, n’attendent rien d’un Dieu inconnu, mais celui qui a déjà connu Dieu, et ne compte que sur lui, y décèle l’œuvre puissante de l’amour divin, et un sceau sur la mission de l’envoyé de Dieu. Alors, d’un même mouvement, il croit à sa parole, il croit en Dieu même. 
De cette foi, Israël admire la grandeur en Abraham, qui obtient par elle la naissance humainement impossible d’un héritier. Par-là, le miracle devient comme un gage de nouveaux bienfaits, seulement à l’endroit de ceux qui ont mis leur confiance en Dieu.
Jésus est en lui-même un miracle vivant, de par sa naissance. Par ses miracles, il a manifesté que le Royaume messianique annoncé par les prophètes est là en sa personne (Mt 11, 4s) ; il attire l’attention sur lui-même et sur la Bonne nouvelle du Royaume qu’il incarne. Il suscite une admiration et une crainte religieuse qui portent les hommes à se demander ce qu’il est. Qu’il s’agisse de son pouvoir de remettre les péchés, de son autorité sur le sabbat, de sa messianité royale, de son envoi par le Père, de la puissance de la foi en lui, c’est toujours sa mission et sa dignité que par eux, Jésus atteste, avec la réserve qu’impose l’espérance juive, d’un Messie temporel et national. En ceci déjà, ils sont des « signes » comme le dira Saint Jean. Si les miracles prouvent la divinité et la messianité du Jésus, on ne doit donc pas les isoler de sa parole. Ils vont de pair.

Sidwaya



01/04/2014
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