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Immigration : Un drame pour la jeunesse africaine

Bouleversant, assommant, triste, choquant…, les qualificatifs pleuvent au sujet du nouveau drame de l’immigration illégale, qui s’est produit en ce début du mois d’octobre 2013, à Lampedusa. Cette île italienne située au large de la Tunisie, réputée pour ses naufrages de navires de migrants clandestins et considérée comme une « porte d’entrée » vers l’Europe, refait la "Une" de l’actualité internationale. Cette fois-ci, comme dans bien de cas d’ailleurs, c’est un bateau de pêche, parti clandestinement de Misrata, en Libye, et transportant, 480 à 520 candidats à l’immigration illégale (à majorité des Erythréens et des Somaliens) qui a échoué en mer. Un accident consécutif à un mouvement de panique, selon les rescapés. « Le capitaine a enflammé une chemisette pour attirer l’attention des garde-côtes italiens. Quand les gens ont vu les flammes, ils se sont précipités sur l’autre bord et le bateau en a été déséquilibré. Plein de gens sont tombés au fond de l’eau. La terreur a commencé (…) », a confié l’un d’entre eux. Dans le lot de migrants clandestins, seules 155 personnes ont pu être sauvées, y compris le pilote du navire, qui, du reste, a été mis aux arrêts. 
Pas besoin d’insister sur l’ampleur du drame. Plusieurs dizaines de corps, pour ne pas dire une centaine, auraient déjà été repêchés. Et le décompte macabre se poursuit ! Les quais du petit port de Lampedusa ont été transformés en une morgue à ciel ouvert, aux premières heures du naufrage. Et les plongeurs, sous le choc, ont décrit des scènes de cauchemar au fond de l’eau : des corps pris au piège dans l’épave, serrés les uns contre les autres, ou éparpillés sur le fond sablonneux. L’émotion est donc à son comble, depuis quelques jours. Et exit les messages de compassion et de désolation qui affluent de partout dans le monde comme à l’accoutumée, des voix s’élèvent pour demander une modification des politiques européennes en matière d’immigration. 
Au front depuis des années, les experts dénoncent les effets pervers d’une politique prohibitionniste. Bruno Cousin, maître de conférences, spécialiste de l’Italie à l’Université de Lille, a par exemple plaidé pour un changement radical de la politique migratoire. « Il y a un problème dans la façon dont les politiques de contrôle des frontières sont conçues par l’Etat italien comme par l’agence européenne Frontex [sorte de garde-frontières de l’Europe, NDLR]. Il faut cesser d’avoir une approche prohibitionniste, de penser qu’on met en place des politiques pour arrêter les flux migratoires », a-t-il martelé. 
Des politiques semblent aussi partager ce point de vue. Outrée, la ministre italienne de l’Intégration, originaire de la République démocratique du Congo (RDC), Cécile Kyenge, a prôné des politiques d’immigration moins "punitives" en Italie et dans l’Union européenne. Aussi a-t-elle insisté sur le « changement » des flux migratoires, faisant remarquer qu’il s’agit de plus en plus de réfugiés de guerre, que de migrants économiques. Relevant que la Méditerranée ne peut pas rester un immense cimetière à ciel ouvert, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, est également dans la ligne. Et sa conviction est que « les gens qui viennent ne viennent pas par plaisir, ils sont chassés par la misère, par des régimes abjects ». Pour sa part, la commissaire européenne aux affaires intérieures de l’UE, Cécilia Malmström, l’Europe entend s’investir davantage dans la réinstallation des réfugiés les plus vulnérables. « Cela démontrerait un engagement en faveur de la solidarité et du partage des responsabilités, et contribuerait à réduire le nombre de personnes qui mettent leur vie en danger dans l’espoir d’atteindre les côtes européennes », a-t-elle argué.
Autant d’arguments qui pourraient être déployés au prochain sommet européen, les 24 et 25 octobre 2013 à Bruxelles, comme le susurrent certaines sources. Et considérant la sensibilité du sujet, il est souhaitable que les dirigeants européens en parlent ouvertement, aux fins d’établir des lois sur l’immigration « moins absurdes ». Dans les faits, et l’on pourrait donner raison à la ministre italienne, ce n’est plus nécessairement la recherche d’une meilleure situation économique qui motive les migrants, mais les conditions précaires générées par les conflits sur le continent africain. Dès lors, l’Europe est appelée à revoir sa copie, en considérant davantage la dimension humaine, pour qu’au grand jamais, l’on ne vive encore pareil drame. Qui ne serait pas heureux de voir la série noire prendre fin à Lampedusa, cette île, qui selon des ONG, a vu périr entre 17 000 et 20 000 migrants, ces vingt 
dernières années ?

Sidwaya quotidien



09/10/2013
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