Gouvernement de transition : prise de contact à Kosyam
Aussitôt formé, le gouvernement de transition s’est réuni, le lundi 24 novembre 2014 au Palais de Kosyam, sous la direction du président de la Transition, Michel Kafando. Un Conseil des ministres aux allures de prise de contact, avant l’entame des chantiers prioritaires.
En cette matinée du lundi 24 novembre 2014, le luxueux et paisible palais de Kosyam s’apprête à vivre un événement politique historique. Il est 9 heures passées. L’enceinte présidentielle ouvre ses portes aux membres du gouvernement de Transition, pour la tenue du premier Conseil des ministres de l’ère post-Blaise Compaoré. Depuis l’insurrection populaire de fin octobre dernier, les Burkinabè n’avaient plus entendu parler de conseil des ministres. Soit ! Le décor n’est pas totalement le même : les éléments de la garde rouge, la cavalerie, ne sont pas habituellement postés de part et d’autre, comme le veut la tradition protocolaire. Mais cela n’entache en rien la solennelité de l’événement, les jets d’eau étant activés. Présents sur les lieux, dès les premières heures de la journée, les journalistes sont aux alentours du tapis rouge à deviser çà et là. Les minutes s’écoulent, et voilà les nouveaux ministres, les « stars du jour », qui commencent à faire au fur et à mesure leur entrée à Kosyam. Certains arrivent à bord de leur véhicule personnel, d’autres au moyen des voitures ministérielles ou étatiques, les fameux « Fond rouge ». L’un des ministres, en l’occurrence celui de l’Habitat et de l’Urbanisme, le magistrat connu Réné Bagoro, plus discret, gare son véhicule hors du palais présidentiel, pour arriver à pied. Les journalistes découvrent ou redécouvrent, parfois dans la bousculade, les visages et les traits physiques de la vingtaine de membres du gouvernement de Transition. Les tenues sont distinguées et les postures sereines. Le Premier ministre de Transition, le lieutenant-colonel Isaac Yacouba Zida, a même "tronqué la tenue" militaire, pour un costume-cravate assorti. Acculés par les hommes de médias, la plupart des membres du gouvernement se sont exprimés, posant ensuite devant les photographes, avant de rejoindre la salle du Conseil des ministres. « Nous allons user du temps de la Transition pour fixer des orientations claires et faire ce que nous pouvons, pour que la suite puisse être facile. Il faut d’abord s’assurer, que le peuple peut faire confiance à la Transition pour remettre la Justice à la disposition de la vraie justice. C’est sur ce point que nous allons travailler, de sorte à ce que les dossiers soient traités sur des bases saines. Il n’y a pas que les dossiers pendants, il y a tout un changement à opérer », a soutenu Joséphine Ouédraogo, ministre de la Justice, des Droits humains et de la Promotion civique, par ailleurs candidate malheureuse au poste de président de Transition. Son collègue de la Communication, chargé des relations avec le Conseil national de transition (CNT), Porte-parole du gouvernement, Frédéric Nikiéma, est aussi conscient de la tâche qui l’attend. « Il y a beaucoup à faire, surtout par rapport aux médias publics, mais je suis sûr qu’avec l’implication des différents acteurs, on pourra tout faire pour redonner confiance au secteur de la communication», a-t-il déclaré.
La polémique Adama Sagnon
Le ministre des Enseignements secondaire et supérieur, Pr Filiga Michel Sawadogo, mesure aussi la charge, qui pèse sur ses épaules. « J’appréhende ma nomination avec beaucoup de responsabilité et d'inquiétudes, car connaissant le département avec sa délicatesse, pour avoir été recteur de l’Université de Ouagadougou pendant cinq ans. Mais je sais qu’avec de la bonne volonté de part et d’autre, et de la concertation, on doit pouvoir améliorer la situation et essayer de résoudre les principaux problèmes rencontrés dans l’enseignement supérieur et secondaire », a lâché celui qui fut aussi directeur général des Impôts. D’autres ministres n’ont pas fait mystère de leurs sentiments et émotions, avant le premier Conseil de ministres, qui a débuté aux environs de 10 heures, pour prendre fin cinquante minutes après. Une fois la séance achevée, les membres du gouvernement ont regagné le hall du palais présidentiel pour une photo de famille. Instants que les chasseurs d’images n’ont pas ratés. Après quoi, les échanges avec les journalistes reprennent. «Ce matin, c’était une réunion d’information et de prise de contact. Chaque ministre va recevoir sa lettre de mission, d’ici à la fin de la semaine. De façon générale, il s’agit de travailler dans l’esprit de la Charte de la transition », a indiqué le chef du gouvernement, qui cumule les fonctions de ministre de la Défense nationale et des anciens combattants.
Plusieurs membres du gouvernement ont également confirmé la nature de ce Conseil des ministres, qui a été quelque peu marqué par la polémique autour de la nomination du magistrat, Adama Sagnon, au poste de ministre de la Culture. En signe de mécontentement, des agents de son département et des artistes ont barricadé les voies d’accès au ministère de la Culture, avant la tenue de la séance gouvernementale. Ils reprochent vertement à Adama Sagnon sa « mauvaise » gestion du dossier Norbert Zongo, du temps où procureur du Faso. Comment réagit le Premier ministre à la polémique Adama Sagnon? « Nous avons appris les mécontentements autour de la nomination du ministre de la Culture, et allons essayer de comprendre ce qui se passe. Nous disons néanmoins aux Burkinabè, que nous n’avons pas la prétention de mettre en place un gouvernement parfait. Ce qui est sûr, notre équipe peut réussir sa mission de conduire la Transition», a répliqué le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida. L’intéressé lui-même n’est pas resté bouche bée face à la situation qui prévaut. « J’ai appris qu’il y a des manifestations, mais je voudrais dire à ces gens que je ne me suis pas nommé moi-même. On va ouvrir une discussion, peut-être qu’ils se sont trompés. Je n’ai rien à me reprocher », a-t-il commenté. Aussi a-t-il ajouté: « Ceux qui disent connaître le dossier Norbert Zongo n’en savent rien. L’occasion me sera donnée de m’exprimer de long en large sur cette affaire ».
Sidwaya
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