Burkina: des manquements dans la «gouvernance minière» relevés par une étude
Le Burkina Faso, quatrième producteur d’or d’Afrique, enregistre un score «défaillant» dû au manque de transparence budgétaire dans le domaine de l’exploitation minière, révèle une étude rendue publique jeudi à Ouagadougou.
Quatrième pays producteur d’or d’Afrique derrière l’Afrique du Sud, le Ghana et le Mali, le Burkina Faso a obtenu un score «défaillant» dû en particulier au «manque de transparence budgétaire et de redevabilité et d’efficacité gouvernementale» selon une étude exécutée sur une période de 6 mois portant sur l’indice de gouvernance des ressources naturelles.
Cette étude qui a été réalisée par le Réseau Africain des journalistes pour l’intégrité et la transparence (RAJIT) avec le soutien financier de l’ambassade de France au Burkina fait ressortir que les réserves d’or sont estimées à plus de 800 tonnes d’or et constitue la principale source de revenu du gouvernement.
Cependant, le pays a reçu une note « partielle » de 54 sur 100 et se classe 23è sur 59 pays et enregistre de mauvaises pratiques de divulgation, indiquent les auteurs de l’étude.
«Le Burkina Faso publie une quantité limitée d’information relatives au secteur minier. Les contrats miniers ne sont pas rendus publics» a déploré Adrien Somda, expert en évaluation minière.
Selon lui, en dehors des données globales contenues dans la loi de finances, les ministères des Finances et des Mines ne fournissent aucune information sur le secteur minier.
Les auteurs de l’étude ont en outre relevé la «non disponibilité» des rapports sur les transferts effectués au bénéfice des collectivités locales, qui, selon le code minier doivent bénéficier de 20% du montant de la taxe superficiaire.
«Les résultats obtenus par le Burkina sont encourageants, car le pays vient de loin dans le domaine minier. Cependant, il reste des pans à améliorer en terme de communication» a déclaré l’ambassadeur de France au Burkina, Gilles Thibault.
«Nous accueillons très favorablement cette étude qui permet d’avoir d’une part une idée sur le domaine des mines et d’autre part, de nous remettre en cause» a pour sa part commenté le conseiller technique du ministère en charge des mines du Burkina, Pascal Zombré.
Pour lui, «la bonne gouvernance est un exercice interactif. L’important c’est ce que nous pouvons faire de ses résultats».
Selon l’ingénieur des mines Seka Ki, «il y a effectivement un déficit de d’information, mais les usagers aussi ne connaissent pas souvent la procédure à suivre pour l’obtenir».
M. Thibault a par ailleurs précisé que son pays renforcera son soutien au Burkina en lui accordant 1 million d’euro pour d’autres études.
Le Burkina Faso connait ces dernières années un boom minier à la faveur d’un code minier «favorable» aux investisseurs. Entre 2009 et 2012, le secteur aurifère représentait 26% du PIB et 45% des exportations.
En dépit de ces «performances» minières, plus de 46 % des 17 millions d’habitants de ce pays enclavé au cœur de l’Afrique de l’Ouest, vit en dessous du seuil de pauvreté.
AIB
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